Le débat : Comprendre l’éducation positive

Quand on commence à s’intéresser à l’éducation des chiens, on constate rapidement que tout le monde n’est pas d’accord sur les méthodes à utiliser. Loin de faire l’unanimité, l’éducation dite “positive” est victime de beaucoup de méconnaissances et de jugements infondés : éducation laxiste, réservée aux chiens “gentils”, dans un monde de bisounours, etc.

Voici un dossier complet pour bien comprendre l’éducation positive, sa définition, son histoire, ses fondements et ses intérêts.

Puisque nous sommes dans le cadre d’un débat de société, il me paraît indispensable d’appuyer mes arguments sur des sources fiables et pertinentes. Vous trouverez donc une bibliographie complète à la fin de l’article. 

Définir l’éducation positive

Officiellement, il n’existe aucune définition exacte du terme “éducation positive”. Intéressons-nous en premier lieu à la définition du mot “éducation”. 

Selon le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), l’éducation est l’Art d’élever ou de dresser des animaux domestiques. Puisque cela nous donne peu d’information éclairante, penchons-nous sur la définition de dresser, son synonyme : Fait d’habituer un animal à certains comportements1.

Finalement, on entend éduquer son chien en lui inculquant certains comportements désirables, communément faire ses besoins à l’extérieur, être calme dans la maison, ne pas manger la nourriture autre que celle qui lui est distribuée, marcher calmement lorsqu’il est attaché, revenir quand on l’appelle, etc. Jusque-là, je pense que nous sommes d’accord.

Mais en faisant mes recherches, je me suis souvent confronté à l’éducation pour les enfants. Voici comment le CNRTL la définit : Art de former une personne, spécialement un enfant ou un adolescent, en développant ses qualités physiques, intellectuelles et morales, de façon à lui permettre d’affronter sa vie personnelle et sociale avec une personnalité suffisamment épanouie. 

Je pense que nous tenons là un élément intéressant : alors que l’éducation des animaux se concentre sur ses comportements et la satisfaction de l’éducateur, l’éducation des enfants a un objectif d’autonomisation et d’épanouissement de l’éduqué. Pour caricaturer, éduquer un animal est une action égoïste, alors qu’éduquer un enfant est une action altruiste. C’est ce constat triste et injuste qui nous pousse à changer notre regard sur nos chiens, à l’heure où leur place dans la famille est plus celle d’un membre à part entière que celle d’un animal domestique. 

L’éducation positive est donc, plus qu’une façon d’éduquer, une philosophie de vie, qui replace les besoins et le bien-être du chien éduqué au centre de la problématique. 

Maintenant, pourquoi l’appeler l’éducation “positive” ? 

A l’origine, le terme positif fait référence au renforcement positif, qui est une méthode d’éducation qui consiste à renforcer un comportement en le récompensant. Mais en réalité, l’éducation positive regroupe une multitude de méthodes2

Les plus connues sont celles du conditionnement opérant : R+, R-, P+, P-. 

Seuls le R+ et le P- sont utilisés en éducation positive, avec un maximum de R+ et un minimum de P-. La raison ? Seule la méthode du renforcement positif a des effets secondaires bénéfiques comme la prise de confiance en soi par l’animal ou la consolidation de la relation homme-chien3. Le R- et le P+ ont les effets délétères inverses4.

On bannit également tout ce qui est synonyme de peur ou de stress, comme le principe d’immersion, les outils coercitifs, et toutes les méthodes d’éducation qui se basent sur la théorie de la dominance, clamant qu’il est nécessaire de dominer son chien pour se faire respecter. Cette idée est erronée et maintenant mise de côté5.

En éducation positive, on trouve notamment les méthodes de conditionnement classique (le principe d’association d’idées), d’habituation, de désensibilisation, ainsi que de nombreux concepts tels que la zone de confort, la porte de sortie, la règle des 3D ou encore le seuil émotionnel. Toutes ces méthodes ont en commun le respect du chien dans son intégrité physique et psychique. Elles se suffisent à elles-mêmes, à condition qu’elles soient maîtrisées en théorie et en pratique.

La plupart du temps, les propriétaires de chiens et certains professionnels n’ont pas les connaissances et les compétences nécessaires à la bonne application des méthodes positives. On se retrouve alors rapidement dans ce qu’on appelle l’éducation “tradi-bonbon“. Elle consiste à compiler grossièrement l’ensemble des méthodes connues, qu’elles soient positives ou non. Elle peut laisser place à des erreurs et des incohérences nuisibles pour l’animal.

Pour résumer, l’éducation positive est un ensemble de méthodes se basant sur les théories de l’apprentissage et l’éthologie canine moderne, ayant pour objectif l’intégration du chien dans son environnement, tout en respectant ses besoins et son bien-être. 

L’histoire de l’éducation positive

Il n’y a pas si longtemps, le chien était uniquement destiné au travail, pour la chasse, la garde ou le transport. En France, c’est au milieu du 18ème siècle, dans la sphère aristocratique, qu’il commence à devenir un animal destiné à la compagnie, avant de conquérir définitivement nos foyers après la Seconde Guerre Mondiale6. Le dressage était alors principalement basé sur la coercition et la soumission. 

Les méthodes d’éducation ont évolué au rythme des découvertes scientifiques. En effet, les animaux, chiens compris, ont longtemps été considérés comme des êtres mécaniques, incapables d’apprendre ou d’avoir des émotions. Le tournant historique à l’origine des méthodes modernes se réalise par la découverte du conditionnement opérant par B.F. Skinner, en 19387. Grâce à ses travaux sur les rats, il a démontré que les animaux sont capables de comprendre et retenir les conséquences de leurs actions, et d’utiliser leurs expériences pour prendre des décisions. 

Grâce à ces nouvelles connaissances, d’autres méthodes de dressage sont apparues. La plus connue est celle de l’entrainement clicker, développé en 1970 par Karen Pryor, dresseuse de dauphins8. En utilisant le conditionnement opérant théorisé par Skinner, le clicker permet d’apprendre à un animal n’importe quel comportement, avec sa coopération. 

image du site clickertraining.com

Dans une ère où le métier de soigneur animalier était particulièrement risqué, la technique a rapidement conquis les parcs zoologiques. Les soins imposés par la force ou les sédatifs ont donc été remplacés par des méthodes coopératives, diminuant radicalement les risques pour l’animal comme pour les soigneurs9. Si les méthodes positives fonctionnent sur des ours et des lions, pourquoi ne fonctionnerait-elle pas également sur nos animaux domestiques ?

Ces nouvelles méthodes ont été popularisées pour les chiens grâce à des personnes comme Ian Dunbar, vétérinaire comportementaliste américain mondialement reconnu. A l’aide de ses nombreux livres, conférences et formations, Ian Dunbar a contribué à démocratiser l’éducation canine en la rendant plus accessible et plus respectueuse de l’animal10.

En France, l’utilisation de l’éducation positive est plus récente. Dans les années 2000, Catherine Collignon, pionnière sur ce sujet, démocratise l’entraînement au clicker et fonde le MFEC (Mouvement professionnel Francophone des Educateurs de Chiens de compagnie), avec le soutien de Ian Dunbar11

Aujourd’hui, de plus en plus de personnes utilisent l’éducation positive pour leur chien. Les mœurs et les lois évoluent en faveur d’un plus grand respect de l’animal, sensibilisant et responsabilisant peu à peu les propriétaires.

Brisons les idées reçues !

Bien que l’efficacité et les bienfaits des méthodes positives soient aujourd’hui prouvés, de nombreux mythes les décrédibilisent encore, ralentissant sa progression dans les foyers. Expliquons-les ensemble.

  • L’éducation positive ne consiste pas à distribuer bêtement des friandises !

La nourriture est un renforçateur primaire, c’est-à-dire qu’elle est naturellement une récompense pour le chien. C’est donc un moyen efficace de renforcer un comportement. Mais pour l’utiliser correctement, encore faut-il savoir exactement quel comportement renforcer, quand et dans quel contexte ! Plus généralement, modifier un comportement de manière efficace et durable nécessite des connaissances scientifiques et techniques12

La friandise n’étant pas appréciée de la même manière par tous les chiens, il est également nécessaire de se questionner sur les différentes récompenses, l’objectif étant toujours de privilégier la motivation naturelle du chien. L’utilisation de récompenses ne garantit pas un résultat, et elle ne garantit pas non plus le bien-être du chien ! Ces notions sont différentes et sont tout autant prises en compte en éducation positive. 

  • L’éducation positive n’est pas une éducation laxiste ou permissive !

L’éducation positive pose bien évidemment des “limites”. Si on n’attend pas du chien qu’il respecte des règles, rien ne sert de l’éduquer… Les méthodes positives ne sont pas tellement différentes des méthodes traditionnelles par les résultats attendus, mais plutôt par les moyens de les atteindre. Une nuance tout de même, il ne sera pas demandé au chien de produire un comportement qui lui est nuisible physiquement ou psychologiquement, même si c’est ce qui convient à l’homme. On cherchera alors des solutions d’aménagement de l’environnement.

Les mauvais comportements ne sont pas ignorés. Il ne suffit pas non plus de distraire le chien de la source du problème. Si ces deux points sont parfois mis en place, c’est parce qu’ils ont, dans certains contextes, une réelle utilité à court ou long terme. Les méthodes positives sont suffisamment étayées pour éliminer les comportements gênants sans utiliser de méthodes punitives ou aversives.

Il est imprécis d’affirmer que l’éducation positive ne comprend pas de punition. Elle inclut en effet l’utilisation de “punition négative”, c’est-à-dire le fait de retirer quelque chose d’agréable pour le chien s’il ne produit pas le comportement attendu. Mais l’objectif est avant tout d’obtenir ses attentes en exploitant au maximum les comportements naturels du chien, ce qui demande des connaissances en éthologie et en psychologie canine. 

  • La punition n’est JAMAIS la seule solution !

On parle dans cette partie de “punition positive”, c’est-à-dire le fait d’ajouter quelque chose de désagréable pour le chien pour éliminer un comportement gênant. Les “quelques choses” de désagréable peuvent aller du simple “NON”, au choc électrique, en passant par la saccade sur la laisse, la canette de cailloux à agiter, les menaces, etc. 

Oui, il est possible d’obtenir tout type de comportement uniquement avec des méthodes positives. Tout ce que vous avez envie de changer chez votre chien peut se faire sans punition. Il s’agit seulement de trouver l’approche qui vous correspond, à vous et votre chien, en s’appuyant sur les multiples outils que propose l’éducation positive. 

  • L’éducation positive convient à TOUS les chiens !

Aucun chien n’a besoin de brutalité ou de punition positive pour apprendre ! Même les chiens “dominants”, même les chiens “têtus”, même les chiens “agressifs” ! De nombreux chiens ont été rééduqués de A à Z en méthodes positives, même des cas très difficiles.

Et pour trouver tous ces chiens rééduqués en positif, il ne faut pas aller bien loin. Pour en avoir un aperçu, vous pouvez vous intéresser à l’association In Dog We Trust, qui récupère des chiens dangereux et les place auprès de professionnels canins en positif pour une réhabilitation complète. Sur son site internet, vous trouverez plusieurs vidéos de rééducation. Et non, bien que souvent plus discrets, les positifs ne se cachent pas, il suffit de les chercher !

Enfin, contrairement à ce que prétendent certaines rumeurs, il n’est nulle part affirmé que l’éducation positive peut préconiser l’euthanasie. Malheureusement, il existe des cas extrêmes de chiens qui, victimes d’une pathologie grave ou détruits par la maltraitance, présentent un danger irrattrapable pour la société. Ces chiens sont rares, et si une véritable connaissance du chien et des méthodes modernes ne peuvent pas les réhabiliter, l’éducation traditionnelle y échouera également et risquera au contraire de briser totalement le mental du chien. Ces chiens sont, autant que possible, placés en sanctuaire pour vivre une vie heureuse loin de tous dangers. 

Les principes de base de l’éducation positive  

  • Renforcer les bons comportements

L’éducation positive, c’est évidemment récompenser le chien quand il fait quelque chose de bien. On peut récompenser le chien avec de la nourriture ou un jeu par exemple, mais attention, c’est le chien qui choisit sa récompense ! Si votre chien n’est pas intéressé par votre récompense, le travail sera inefficace. Puisque vous ne pouvez pas décider de ce qui motive votre chien, à vous d’essayer plusieurs possibilités afin de trouver les meilleures récompenses. 

Au maximum, on identifie ce que le chien souhaite, comme par exemple passer la porte, avoir de l’attention ou être détaché, et on se sert de cette motivation comme récompense. Utiliser la motivation naturelle du chien garantit un apprentissage efficace et durable ! 

  • Mettre le chien en condition de réussite

En éducation positive, on aménage l’environnement pour que le chien soit au maximum en réussite. Plus le chien échoue un exercice, plus il perd confiance en lui et en l’entraineur. Au contraire, plus on adapte la difficulté pour qu’elle soit stimulante mais atteignable, plus il sera motivé et plus il progressera vite. 

Ce principe est particulièrement crucial en rééducation lorsque l’émotionnel est en jeu. Apprendriez-vous un poème par cœur, assis sur un champ de bataille ? Non, même si vous le vouliez, c’est impossible, car votre instinct de survie ne vous le permet pas. Le chien réagit de la même façon, il ne peut pas apprendre s’il est submergé par ses émotions. Il est donc indispensable de le garder en sécurité émotionnelle et de travailler à son rythme.

  • Communiquer

Dis comme ça, cela semble évident, et pourtant, combien de chiens sont “juste” incompris ? Plusieurs études ont montré que plus un individu a de contrôle sur une situation stressante, moins il sera stressé13. Chez le chien, dont les humains contrôlent l’intégralité de la vie, le niveau de stress peut augmenter rapidement. La compréhension des signaux naturels du chien et la mise en place de signaux interspécifiques (entre chien et humain) est donc indispensable pour créer une relation équilibrée, qui laisse au chien la possibilité de s’exprimer et de décider pour lui-même. 

  • Comprendre et respecter les besoins du chien

Creuser dans les plantes, poursuivre les chats, déchirer les coussins, autant de comportements que l’on souhaiterait souvent voir disparaître. Pourtant, ce sont des comportements naturels qui ont parfois besoin de s’exprimer ! Tenter de les réprimer sans les compenser, c’est faire du chien une cocotte minute qui craquera un jour ou l’autre. Pour cette raison, si un exercice nécessite de supprimer l’expression d’un besoin naturel, l’éducation positive met un point d’honneur à le compenser par la mise en place d’une activité de substitution. 

Il arrive que les besoins d’un chien soient incompatibles avec le mode de vie de ses humains. Souvent, le chien développe alors des comportements dérangeants en lien avec ses besoins non comblés. Ses propriétaires, en difficulté, n’ont d’autres choix que de changer leurs habitudes ou de replacer leur compagnon. Avant l’adoption, il est donc nécessaire de prendre en compte les besoins de l’espèce et de la race, tout en gardant à l’esprit que chaque individu est unique et a ses propres besoins. L’éducation moderne s’attache ainsi à faire de la prévention en accompagnant les familles lors du choix de leur compagnon. 

Pourquoi utiliser l’éducation positive ?

  • Pour des raisons éthiques

D’abord parce que la brutalité n’est pas une valeur appréciable ni valorisante. Eduquer en positif, c’est s’interroger sur la manière d’être le plus éthique possible dans notre façon d’intégrer un animal dans notre foyer. 

Mais l’éthique est un ensemble de valeurs et de normes sociales qui varient selon les lieux et les époques, difficile de l’imposer à nos voisins. Si en France, la morale tend en faveur du respect et du bien-être de nos animaux de compagnie, c’est loin d’être le cas partout. Les débats doivent donc rester courtois afin de partager notre point de vue en toute bienveillance. 

  • Elle permet de construire une belle relation avec votre chien

Et la relation, c’est la base de tout ! Sans une belle relation, votre chien ne vous écoutera pas et les apprentissages seront difficiles et désagréables. Suivriez-vous un maître que vous n’aimez pas ? Oui, s’il vous menace, mais à la moindre occasion vous fuiriez. Le chien est pareil ! Il vous suivra fidèlement seulement s’il aime être avec vous et s’il a confiance en vous.

  • Elle donne à votre chien plus de confiance en lui

Une petite expérience simple permet de bien comprendre l’impact des modes d’apprentissage sur l’état d’esprit d’un individu. On place 2 personnes dans une pièce, on leur bande les yeux, puis on place une chaise dans la pièce. L’objectif est de leur faire comprendre qu’ils doivent se placer derrière la chaise. Pour cela, 2 méthodes : on utilise un clicker avec récompense (un smarties) pour l’un, et un bracelet à choc électrique pour l’autre. Rapidement, la personne récompensée va réussir l’exercice et se placer derrière la chaise, tandis que la personne punie fera de plus en plus d’erreurs, jusqu’à s’immobiliser complètement, sans essayer quoi que ce soit. Pour voir l’expérience, vous pouvez regarder cette vidéo.

Les méthodes positives ne permettent pas seulement d’éduquer son chien, elles ont aussi des effets supplémentaires bénéfiques sur le chien lui-même ! Et un chien qui a confiance en lui, c’est un chien qui est à l’aise, qui communique calmement et qui fait des choix judicieux. Que du bonus, donc !

  • Elle vous apporte aussi à vous même

Réflexion, patience et bienveillance sont autant de qualités que vous apportera l’éducation positive ! En apprenant et en pratiquant les méthodes positives, on s’instruit scientifiquement, on apprend à comprendre notre chien, les chiens en général, mais également nous-mêmes. 

Ce n’est pas pour rien qu’autant de personnes se reconvertissent en éducateur comportementaliste, la pratique de ce métier et la passion de la cynologie est une véritable redécouverte de soi et de ses valeurs. Et lorsque l’on s’entoure des bonnes personnes, c’est un plongeon dans un monde de pensées positives et de bienveillance. L’éducation positive c’est aussi une aventure humaine !

Pourquoi les méthodes traditionnelles persistent malgré l’efficacité et les bénéfices des méthodes positives ?

Bon, maintenant que vous êtes arrivé jusque-là, j’espère que vous êtes autant convaincus que moi sur les multiples intérêts des méthodes positives ! Mais dans ce cas, comment se fait-il qu’elles ne soient pas encore évidentes pour tout le monde ? 

  • Tout le monde n’a pas lu ce dossier

J’ai bien mérité de me vanter un peu, non ? 😉 Plus sérieusement, je pense que la méconnaissance est le premier frein à la généralisation de l’éducation positive. Il existe encore un nombre non négligeable de personnes qui n’a jamais entendu parler sérieusement de méthodes d’éducation moderne et qui pensent encore aujourd’hui faire les choses au mieux. Comment leur en vouloir ? C’est la raison pour laquelle la pédagogie doit être le premier réflexe face à un utilisateur de méthodes coercitives. 

Malheureusement, il y a aussi ceux qui connaissent l’existence de méthodes positives mais qui ont été mal conseillés. Pire encore, il y a ceux qui ont essayé, sans résultat. Comme nous l’avons dit, ces méthodes ne sont pas toujours simples et, utilisées approximativement, elles peuvent être inefficaces. Il est courant de faire des erreurs en tant que propriétaire mais aussi en tant que professionnel, faute d’une formation de qualité ou par manque d’expérience.

  • Le changement n’est pas évident

Les méthodes traditionnelles ont longtemps été utilisées, et de nombreuses personnes continuent de les utiliser simplement parce que c’est ce qu’elles ont toujours connu. Le changement, c’est un vrai sujet, très étudié en sociologie et en psychologie ! 

Dans une étude en psychologie publiée dans la revue “Psychological Science”, les chercheurs ont constaté que les croyances persistantes peuvent être maintenues pour des raisons émotionnelles, ou par l’effet de confirmation, c’est-à-dire la tendance à rechercher et à interpréter les informations de manière à confirmer ses croyances existantes14.

Changer, c’est accepter de sortir de sa zone de confort. L’éducation du chien n’est pas une passion pour tout le monde, certains veulent juste avoir de la compagnie, sans se prendre la tête, ce qui se conçoit parfaitement. Mais qu’en est-il lorsque l’animal montre des signes de mal-être et adopte des attitudes particulièrement déroutantes ? Pour franchir ce frein à l’utilisation des nouvelles méthodes d’éducation, il n’y a pas de secret : la pédagogie et l’accompagnement sont essentiels pour permettre à chacun d’évoluer dans un état d’esprit positif.

  • La violence peut parfois sembler… libératrice

Nous avons tous déjà vécu un excès de colère, ces émotions intenses qui dominent notre corps et notre esprit l’espace d’un instant, et qui se libèrent au prix de gestes ou de mots violents. Lorsque nous sommes en colère, notre corps libère des hormones de stress, ce qui peut entraîner une accélération du rythme cardiaque, une augmentation de la respiration et une montée d’énergie. Cette réaction physiologique peut donner une impression de puissance et de force, ce qui peut être satisfaisant15. Mais cette sensation est souvent de courte durée et peut rapidement être remplacée par des sentiments de honte, de culpabilité et de regret.

Ainsi, être brutal envers notre chien lorsque celui-ci adopte un comportement qui nous met en colère, c’est la réaction la plus intuitive car elle nous permet de nous sentir mieux dans l’immédiat. Malgré tout, ce n’est ni une façon saine ni une façon productive de gérer ses émotions ou de résoudre les conflits. C’est à nous d’apprendre à gérer nos émotions autrement, grâce aux techniques de respiration par exemple. 

Nous arrivons à la fin de ce dossier. Si vous avez tout lu, bravo ! Et si vous n’avez lu que certaines parties, bravo aussi ! C’est en lisant, débattant et discutant que les mentalités évoluent. Jusque là, vous n’étiez que lecteur, mais rien ne nous oblige à nous arrêter là. Je vous invite donc à laisser un commentaire, à partager cet article et à donner votre propre avis sur les réseaux sociaux en taguant @leveilcyno ! Tous les avis sont permis, tant qu’ils restent cordiaux, un débat n’est ni un abattoir ni un défouloir !

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter la bibliographie, qui m’a permis de nourrir cet article de la façon la plus exacte et précise possible. Certaines de ces lectures sont très enrichissantes, faites vous plaisir !

L’Éveil Cyno

Bibliographie : 

1CNRTL, Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales

2Pour avoir un échantillon de la boîte à outil de l’éducation positive :

Récapitulatif sur les concept intéressants en éducation canine”, Céline Ouzilou, 2016, hund.fr  

3Etudes comparatives de l’effet de différentes méthodes d’éducation :

Training methods and owner-dog interactions: Links with dog behaviour and learning ability.”, Rooney N.J. & Cowan S., 2011, Applied Animal Behaviour Science

Dog training methods: Their use, effectiveness and interaction with behaviour and welfare.”, Hiby E.F., Rooney N.J. & Bradshaw J.W., 2004, Animal welfare

The relationship between training methods and the occurrence of behavior problems, as reported by owners, in a population of domestic dogs.”, Blackwell, E. J., Twells, C. A., Seawright, A., & Casey, R. A., 2008, Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research

Compilation de résultats d’études scientifiques sur l’impact des méthodes d’éducation sur le chien :

Quelle est la meilleure méthode pour éduquer son chien selon la science ?”, Alice Mignot, 2021, Dans la tête des chiens Podcast

4Etude sur les effets secondaires des méthodes d’éducation coercitives : 

The effects of using aversive training methods in dogs – A review.”, Ziv G., 2017, Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research

The relationship between training methods and the occurrence of behavior problems, as reported by owners, in a population of domestic dogs.”, Blackwell, E. J., Twells, C. J., Seawright, A., & Casey, R. A., 2008, Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research

5Dossier complet sur la théorie de la dominance : 

Chien dominant et hiérarchie, l’article complet à partager”, Ness, 2021, Cynotopia

6Livre sur l’histoire de la relation homme-chien :

Dog’s Best Friend, Annals of the Dog-Human Relationship, Mark Derr, 2004

7Pour en savoir plus sur le conditionnement opérant, sa découverte, son fonctionnement :

What Is Operant Conditioning And How Does It Work?”, Saul Mcleod, mis à jour en 2023, simplypsychology.org

8Résumé de la première publication de Karen Pryor sur l’entraînement des dauphins :

Training for Variable and Innovative Behavior”, Karen Pryor, 2014, International Journal of Comparative Psychology.

9Utilisation du conditionnement opérant dans les zoos :

Operant Conditioning at the Zoo, Karen Pryor, 2003, clickertraining.fr 

10Pour en savoir plus sur Ian Dunbar

11Pour en savoir plus sur Catherine Collignon

12Importance de l’appuie des méthodes d’éducation sur la science :

Why Science Matters”, Science Matters Academy of Animal Behavior

How Science is Revolutionizing the World of Dog Training”, Winston Ross, 2020, Time

13Etude sur l’impact du niveau de contrôle d’un évènement sur le stress qu’il procure :

Learned helplessness: Theory and evidence.”, Maier, S. F., & Seligman, M. E., 1976, Journal of Experimental Psychology: General

14Etude sur les raisons de la persistance des fausses croyances :

Misinformation and Its Correction: Continued Influence and Successful Debiasing”, Stephan Lewandowsky, Ullrich K. H. Ecker, 2012, Association for Psychological Science

15Etude parlant des effets de la colère sur les réactions physiologiques : 

Anxiety sensitivity and retaliatory aggressive behavior in research volunteers”, Joshua J. Broman-Fulks, Michael S. McCloskey, Mitchell E. Berman, 2006, Wiley Online Library, Aggressive Behavior

Vie pratique : bien choisir son éducateur canin

Lorsque je parle d’éducateur, je désigne l’ensemble des professionnels du monde canin dont le métier consiste à accompagner les familles pour l’accueil, l’éducation et la rééducation d’un chien. Cela désigne tout aussi bien les éducateurs que les comportementalistes, les cynologistes ou même les coachs canins. La qualité du service ne dépend pas du titre de la personne mais de la personne elle-même. Cet article a justement pour but de vous aider à trouver la bonne personne pour vous accompagner.

POURQUOI EST-CE SI IMPORTANT ?

Le monde du chien rencontre aujourd’hui deux fléaux qui lui coûte cher : l’incompétence et la maltraitance.

L’incompétence n’est pas grave en soit. Elle est souvent due à un manque voire à une absence de formation ou d’expérience. Elle est malheureusement courante, puisque ce métier n’est pas encadré : n’importe qui peut s’autoproclamer éducateur canin. La seule certification obligatoire est l’ACACED, trois jours de formation principalement sur la législation de l’élevage et du transport d’animaux. On est d’accord, c’est complétement insuffisant.

Mais le cancer de l’éducation canine, c’est la maltraitance. On ne parle pas ici du chien qui vit sur le balcon ou dans une cave, ni de celui qui se prend des coups chez son propriétaire. Là on parle de « professionnels », qui déguisent la maltraitance derrière des croyances nuisibles et obsolètes. Car oui, certains « professionnels » utilisent la violence pour « éduquer » les chiens : pendu au bout d’un collier à pic, écrasé le dos contre le sol, des coups de pieds dans le ventre, et j’en passe. Malheureusement, la maltraitance est profondément liée à l’incompétence : ne pas connaitre les besoins et les fonctionnements du chien peut pousser à négliger sa sensibilité et ses modes d’apprentissages.

Si cet article est si important, c’est parce qu’il n’est pas si facile de repérer un bon professionnel. L’absence de cadre et de régulation permet à n’importe qui d’abuser du « positive washing », et une seule mauvaise expérience peut être traumatisante pour le chien. Alors pour faire votre choix, oubliez les belles images et les belles mentions sur le site internet et ouvrez vos chakras.

MENER SON ENQUÊTE

Voici quelques conseils pour mener votre petite enquête sur un professionnel :

Vérifiez ses formations : le professionnel doit être formé. L’ACACED est nécessaire (légalement) mais pas suffisant. Il doit faire preuve d’une formation initiale solide (complète et sur plusieurs mois) et de formation continue (actualisation des connaissances, séminaires, etc). N’hésitez pas à étendre votre enquête aux organismes qui l’ont formé, car certaines formations transmettent des connaissances dépassées et dangereuses. Il existe des certifications comme la MFEC (mouvement francophone des éducateurs de chiens de compagnie) qui récence les formations respectueuses de l’homme et du chien.

Vérifiez son entreprise : un éducateur canin est très souvent un autoentrepreneur. Vérifiez que son entreprise existe, c’est-à-dire qu’elle possède un numéro SIRET.

Visitez ses réseaux : s’il en écrit, lisez quelques-uns de ses articles, regardez ses vidéos, sa page Instagram. Pour être en adéquation avec une personne, il faut aussi l’être avec ce qu’elle partage.

Passez-lui un coup de fil : le premier contact est important, il vous permettra de savoir rapidement si vous êtes sur la même longueur d’onde. Pour cela, n’hésitez pas à discuter avec lui par téléphone avant même d’entamer les séances d’éducation.

Aucun de ces éléments n’est séparable des autres, c’est l’impression d’ensemble que dégage le professionnel qui doit vous sembler juste et positive. 

FIEZ VOUS À VOTRE INTUITION

Combien de témoignages ai-je lu ou entendu : « Ça me semble mal, mais c’est lui le professionnel… » ?

Même si vous n’y connaissais rien en éducation, si vous avez un doute sur les méthodes de votre éducateur, parlez-en. Parlez-en à lui, il aura peut-être une bonne explication. Parlez-en autour de vous, ici même s’il le faut. Et soyez-en sûr, il n’y a aucune bonne raison de faire mal ou peur à un chien. Si votre chien a mal, partez ; si votre chien a peur, partez.

Et c’est valable pour vous aussi ! Si l’éducateur est super avec les chiens mais désagréable avec vous, rien ne vous oblige à rester ! Un bon professionnel ne devrait jamais vous imposer une méthode que vous n’appréciez pas. Il doit être à l’écoute, patient, pédagogue, et ne doit jamais vous juger.

Votre impression est toujours légitime. Même si la personne est en fait un bon éducateur, si votre impression est négative, vous avez le droit de changer. On ne peut pas s’entendre avec tout le monde ! Pour faire un travail efficace, l’équipe éducateur-famille doit être complice. Les séances avec votre éducateur doivent être un moment agréable pour votre chien comme pour vous !

Conseils d’éducation : éducation, par où commencer ?

Ça y est, votre chiot est là ! On vous a répété mille fois qu’il allait falloir l’éduquer, mais quand on compare son caractère de chiot à un chien adulte, on se rend compte que le chemin est long… Par quoi commencer ? Quelles sont les priorités ?

Avant de commencer, on se détend. Votre objectif n’est pas d’en faire un chien militaire mais un chien de famille bien dans ses pattoûnes. Les apprentissages se feront au fur et à mesure, au rythme de votre chien. Il ne faut pas lui mettre la pression, c’est encore un bébé, et comme chez les humains, il faut apprendre à mettre les carrés dans les carrés et les ronds dans les ronds avant d’apprendre par cœur le théorème de Pythagore ! Mais c’est tout de même un bébé qui peut et a besoin d’apprendre. N’attendez pas qu’il soit adulte pour commencer à réfléchir à son éducation.

Ensuite, jetons à l’eau les fausses idées : le fameux triptyque « assis, couché, pas bougé » n’est absolument pas nécessaire à une bonne éducation ! Utile, peut-être, mais pas une priorité. Derrière les enjeux planétaires de la propreté et des mordillements, on oublie souvent l’essentiel… Voici donc, selon moi, les 4 priorités trop souvent oubliées.

APPRENDRE A SE CONNAITRE

Nous le répétons souvent ici, chaque chien est unique. Même après avoir lu toutes les fiches de race de votre chien, regardé toutes les vidéos sur les chiots et dévalisé toutes les bibliothèques du quartier, vous vivrez bien des surprises imprévues. Adopter un chiot, c’est d’abord faire une rencontre, avec un individu au caractère, aux envies et aux angoisses propres. Alors pour que votre cohabitation se passe bien, il faut d’abord apprendre à se connaitre. Si ça a l’air évident, je constate que bon nombres de personnes ne connaissent pas leur chien, tout simplement parce qu’elles ne l’écoutent pas.

Votre chien ne sera jamais capable de vous dire de vive voix ce qu’il aime ou pas. Alors pour comprendre votre compagnon, il faut l’observer. Qu’est-ce qui le rend heureux ? Qu’est-ce qui lui fait peur ? Quelles sont ses besoins ? Les premiers jours de votre vie commune, mais aussi tout au long de votre vie ensemble, gardez un œil attentif sur ses habitudes, ses réactions, ses plaisirs. Bien sûr, cette découverte est réciproque : lui aussi va apprendre à vous connaitre. Au fur et à mesure de votre relation, vous serez fiers de pouvoir dire qu’il vous connait par cœur, et que vous le comprenez mieux que quiconque.

Mais pour ouvrir son esprit à de telles observations, il faut d’abord le fermer à sa vision du chien parfait. C’est lorsque nous projetons nos propres envies sur notre chien que nous sommes aveugles à celui qu’il est vraiment. Vous rêviez d’un chien calme et réfléchi et il est impulsif et fonceur ? Vous rêviez d’un chien bosseur et concentré et il ne pense qu’à jouer ? Vous rêviez d’un chien qui n’aime que vous et il est prêt à partir avec n’importe quel inconnu ? Il va falloir l’accepter.

Pour le comprendre plus facilement, l’idéal est de le questionner. Si vous lui demander « tu préfères bacon ou poulet ? », il ne vous répondra pas. Mais si vous lui tendez un bout de chaque, vous verrez bien lequel il prend en premier ! Laissez-lui le plaisir de vous guider en balades, vous découvrirez ses lieux préférés. Si vous lui tendez la laisse et qu’il ne bouge pas du canapé, peut-être préfère-t-il se reposer ? Ses réactions, ses positions, son corps entier vous parle et vous montre qui il est, apprenez à l’écouter.

CRÉER UNE RELATION

Bien que le chien soit connu pour être le meilleur ami de l’homme, son amitié se mérite. Votre chiot ne vous aimera pas du jour au lendemain. Si votre chiot n’a pas confiance en vous, les apprentissages seront difficiles, il ne vous écoutera pas et développera des craintes qu’il aurait pu éviter. Pas de formule magique pour créer une relation, elle vient avec le temps, à quelques conditions.

Il faut l’écouter : un chien qui se sent compris communiquera plus et mieux, et la communication est essentiel à une bonne relation.

Soyez cohérent. Plus vos demandes sembleront logique pour lui et plus il les respectera. Les règles doivent être claires et constantes dans le temps : ne l’autorisez pas à monter sur le canapé un jour si c’est pour le disputer le lendemain ! Elles doivent aussi être justifiées. Chaque interdit doit être accompagné d’une permission : tu n’as pas le droit de monter sur le canapé, mais tu peux te coucher sur ton coussin. Ne lui imposez pas des règles qu’il ne peut pas suivre.

Passez ensemble de bons moments et évitez les mauvais moments. Ne soyez jamais violent ni brusque avec lui. Au contraire, passez avec lui des moments complices et joyeux. 

Sécurisez votre chiot. Par sécurité, j’entends sécurité émotionnelle. La sécurité physique, comme le fait qu’il n’avale pas de produits chimique, va de soi. C’est votre responsabilité, mais elle n’influencera pas votre relation, sauf si c’est vous qui faite mal à votre chiot. Être en sécurité émotionnelle signifie se sentir à l’aise, ne pas avoir peur, ne pas se sentir en danger. Cela implique donc que vous ne fassiez pas peur à votre chien, lors de punition par exemple. Mais cela implique aussi que vous ne le mettiez pas volontairement dans une situation qui le rend mal à l’aise. 

SOCIALISER ET METTRE EN CONFIANCE

Socialiser son chien est une priorité pour celle-ci bien connue. Elle doit commencer avant même que le chien vous rejoigne, et il est indispensable de choisir un éleveur ou un particulier qui l’a réalisée correctement. Il faut ensuite la poursuivre à la maison, l’objectif final étant que votre chien soit à l’aise dans un maximum de situation possible.

Il faut socialiser son chien aux autres humains. Même si votre chiot semble aimer tous les humains qu’il croise, il faut prendre au sérieux cette socialisation. Il va gagner en maturité et sa vision du monde va changer. Il est impératif qu’il ait pu rencontrer un maximum d’humains différents. Mais attention : un chien peut être sociable avec les femmes, mais pas avec les hommes, avec les adultes mais pas avec les enfants, etc. Il doit donc rencontrer des humains en tout genre : vieux, jeunes, de toutes les couleurs de peau, avec un chapeau, avec une canne, tirant un caddie ou une poussette, etc.

Il doit être socialisé aux autres chiens, car, privé de sa mère et de sa fratrie pour souvent être le seul chien de la maison, il n’aura pas l’occasion d’apprendre la communication canine. Il doit rencontrer des chiens de toutes les tailles, de toutes les races, et de tous les âges.

Il doit également rencontrer un maximum de situations possibles : ascenseur, escalier, transports, ville, campagne, animaux, bruits etc. Ce principe, appelé l’immersion, a ses limites : réalisé trop brutalement, le chien peut être marqué profondément. Il faut aller au rythme de votre chien, surtout s’il montre des signes de craintes.

La socialisation permet au chien de devenir confiant dans son environnement. Elle doit être commencé dès l’arrivée de chiot, et ce même s’il n’est pas encore vacciné ! Il y a plus de risque que votre chien soit mal socialisé qu’il n’attrape une maladie, et une mauvaise socialisation est difficile à rattraper. Si cela peut vous rassurer, ne côtoyez que des chiens vaccinés avant que le vôtre le soit complétement.

APPRIVOISER LES ÉMOTIONS NÉGATIVES : IMPATIENCE, FRUSTRATION, SOLITUDE

Nous faisons de notre mieux pour rendre la vie agréable à notre chien. Considérez par beaucoup comme son enfant, nous souhaitons le protéger des mauvaises expériences et lui offrir la meilleure vie possible. Mais la vie est faite de hauts et de bas. Les mauvaises expériences et les sentiments négatifs en font aussi partie, et ils sont inévitables.

Pour préparer votre chiot à sa vie d’adulte, il est donc important de lui apprendre à gérer les situations négatives. Sans cela, vous risquez d’obtenir un chien qui ne contrôle pas ses émotions, qui s’excite, aboie voire mord face à une difficulté.

La première émotion négative à savoir gérer est l’impatience. C’est le cas de toutou qui saute dans tous les sens pour attraper sa gamelle au vol, ou qui passe entre les jambes pour sortir en premier ! Pour lui apprendre, c’est très simple, faites-le attendre un peu avant de lui donner ce qu’il veut. Apprenez-lui qu’il est gagnant s’il attend.

La deuxième émotion, très importante à contrôler, est la frustration. Un chien qui s’énerve pour que vous le laissiez monter sur vos genoux ou qui hurle et tire sur sa laisse pour aller à la rencontre d’un copain est souvent un chien qui ne gère pas sa frustration. Pour la lui apprendre, il suffit de ne pas céder à toutes ses envies ! S’il réclame en sautant, en aboyant, en s’excitant, il ne doit rien obtenir. Dans ce cas, ignorez-le et quittez la pièce s’il ne s’arrête pas. Puis, lorsqu’il est calme et à l’écoute, donnez-lui ce qu’il voulait : sa gamelle, son jouet, un câlin, une sortie.

La dernière émotion négative que votre chien devra savoir gérer, c’est la solitude. Un article est à venir sur ce sujet !

A présent, vous savez quels sont vos premiers objectifs. Ils le sont soit parce qu’ils sont un prérequis à toute l’éducation (apprendre à se connaitre et créer une relation), soit parce qu’ils sont une nécessité pour un chien équilibré et que tout se joue pendant la jeunesse (socialisation et gestion des émotions négatives). Les ordres de base, le rappel, la marche en laisse, tout le reste peut se faire plus tard. Profitez de vos premières semaines avec votre nouveau compagnon, puis revenez lire les autres articles !

Pour plus d’informations :

Conseils d’éducation : la propreté

Conseils d’éducation : la socialisation aux congénères

Conseils d’éducation : réguler les aboiements

Réguler les aboiements

Les aboiements sont souvent une source d’énervement et de conflits. Poussant parfois les nerfs de leurs humains à bout, les grands bavards ne sont pas non plus dans le cœur des voisins. Est-il possible d’empêcher son chien d’aboyer ?

Le collier anti-aboiement ne fait pas partie de mes méthodes, il ne sera donc pas abordé ici.

Je vous invite à lire cet article pour comprendre pourquoi.

Autant vous le dire tout de suite, la solution miracle n’existe pas. Vraiment pas. Si quelqu’un vous dit qu’elle existe, il ment, tout simplement.

Mais si la solution miracle n’existe pas, des solutions existent quand même ! Elles seront différentes selon la cause des aboiements et demanderont de l’investissement de votre part.

Commencez par vous demander pourquoi votre chien aboie.

Observez-le : fixe-t-il quelque chose en particulier lorsqu’il aboie (chiens, humains, objets etc) ? Pouvez-vous identifier un déclencheur (bruit, passage etc) ? Quels sentiments expriment-ils en aboyant (peur, joie etc) ?

S’il aboie en votre absence, je vous conseille vivement d’installer une caméra : elle vous permet d’effectuer ce travail d’observation et de vérifier les dires du voisin en cas de conflit de voisinage.

Voici quelques raisons d’aboiements courantes et quelques pistes de travail* : 

Il monte la garde

Garder la maison est un comportement qui a été demandé et sélectionné des années durant, il est impossible de l’éteindre du jour au lendemain. Il sera délicat de travailler sur le fond, c’est-à-dire d’empêcher votre chien de s’intéresser aux passants. Le travail sera plutôt de changer petit à petit la réaction du chien face au stimuli. Une solution possible est le contre-conditionnement : repérez le stimuli qui déclenche les aboiements (bruits dans le couloir par exemple) et apprenez à votre chien à faire autre chose à ce moment (aller au panier par exemple). Petit à petit, récompensez aussi l’absence d’aboiement, qui viendra plus naturellement puisque le chien sera concentré à faire autre chose.

Si vous en avez les moyens, dissimulez le stimuli déclencheur. Par exemple, si le déclencheur est la vue d’un passant, songez à installer un brise vue.

Il s’ennuie

L’aboiement peut être une réelle distraction pour le chien. Dans ce cas, ils ont le malheur d’être très satisfaisant et donc auto-renforçant. Ici le travail de fond est indispensable. Votre priorité sera donc de trouver des occupations pour votre chien : activités masticatoires, kongs fourrés ou fouille de croquette lors de vos absences, et si possible augmenter les activités en votre présence (promenades, activités de réflexion, rencontres congénères, sports etc). Vous pouvez aussi faire garder ou sortir votre chien par un proche ou un professionnel.

Il souffre d’anxiété de séparation

Si votre chien ne supporte pas rester seul (ou sans une personne en particulier), il peut aboyer pour évacuer son stress ou en espérant faire revenir la personne qui lui manque. Dans ce cas, c’est en travaillant sur le fond (le stress d’être seul) que vous résoudrez le problème.

Il a peur

Certains chiens peuvent aboyer lorsqu’ils ont peur (à l’inverse des chiens qui se sauveront). Lorsque la source de la peur est un chien ou un humain, cela peut vite devenir ennuyant. Dans cette situation, vous aurez la forme et le fond à travailler en parallèle : apprendre à votre chien à exprimer sa peur différemment (travail sur la forme), et bien évidemment désensibiliser le chien à la source de la peur (travail sur le fond).

Il est frustré

Votre chien peut aboyer lorsqu’il voit un chien mais ne peut pas aller à sa rencontre par exemple, c’est peut-être signe qu’il ne gère pas bien sa frustration. Vous ne pourrez pas l’empêcher d’être frustré, mais vous pouvez rediriger l’attention du chien sur autre chose (jeux ou récompenses, renforcer votre relation). Il faudra aussi travailler le contrôle de ses émotions.

Il joue

Certains chiens expriment leurs émotions lors du jeu par l’aboiement. Votre chien s’exprime, tout simplement. C’est, selon moi, la source d’aboiement la moins problématique. Le mieux est de l’accepter et d’en rire (si on vous regarde de travers, dites simplement « c’est un grand bavard ! », ça fera souvent sourire). Mais si c’est réellement problématique, seul le travail de la forme est possible (on n’empêchera pas le chien de jouer). Pour cela, arrêter le jeu lorsqu’il aboie, et récompensez le silence. Privilégiez le jeu dans les lieux et les moments compatibles avec le bruit (parc, forêt, la journée etc).

DANS TOUS LES CAS

Vous ne rendrez pas votre chien muet. Certains chiens aiment vraiment aboyer, il sera pour ceux là judicieux de les inciter à aboyer dans des lieux et moments convenables pour tout le monde (lors des balades par exemple).

Vous pouvez apprendre à votre chien le « chut ». Pour cela, lorsqu’il aboie, placez une récompense sous son nez et dites « chut » lorsqu’il se tait pour sentir la récompense, puis donnez-lui. Si les moments où il aboie ne sont pas adaptés à ce travail, apprenez-lui à aboyer sur commande, pour le faire aboyer puis taire dans une situation où il aura le contrôle de lui-même. 

Enfin, l’utilisation du clicker facilite grandement les apprentissages liés à l’aboiements. Renseignez vous sur la méthode, chargez votre chien** et clickez les moments de silence face au déclencheur de l’aboiement. Par exemple, mon chien aboie pour un bruit dans le couloir : clickez lorsque vous entendez un bruit avant que votre chien ne se mette à aboyer, une fois qu’il se tait ou entre deux aboiements. C’est un travail qui demande d’être attentif et réactif, mais qui est très efficace !

Vous l’avez bien compris, il est tout à fait possible de résoudre les problèmes d’aboiements de son chien à l’aide de méthodes positives, qui auront en plus l’avantage de travailler sur le fond ! Mais elle demande du temps et de l’investissement.

Je vous conseille largement de vous faire accompagner par un professionnel, qui vous aidera à rapidement comprendre la cause des aboiements et à mettre en place un travail adapté et efficace. Il n’y a pas de honte à se faire aider, ça ne viendrait à l’esprit de personne d’essayer de diagnostiquer sa maladie tout seul, alors faites confiance aux professionnels (mais choisissez le bien) comme vous faites confiance à votre médecin !

*Notez que je distingue le travail sur le fond = la source de l’aboiement, du travail sur la forme = l’aboiement en tant que réaction

**le chargement est la première étape du clicker training. Elle désigne la phase pendant laquelle le chien apprend la signification du cliker. Elle est terminée lorsque le chien associe systématiquement le bruit du clicker à la récompense. On dit alors que le chien est chargé.

Pour en savoir plus :

Le débat : les colliers anti-aboiements

Le débat : les colliers anti-aboiements

Le collier anti-aboiement, solution miracle pour retrouver le silence et une bonne ambiance dans le quartier ! … … ou pas.

L’aboiement est un problème courant, souvent source de conflit. Je ne sous-estime pas la nervosité causée par ce comportement, l’ayant moi-même vécu. Cet article n’a pas pour but de juger les utilisateurs de ces colliers. Son objectif est de reprendre, de manière objective et argumentée, l’ensemble des éléments permettant une réflexion construite sur cet instrument.

Comment ça marche ?

Le collier anti-aboiement se place autour du cou du chien, il provoque une situation négative (de nature diverse selon le collier) lorsque le chien aboie. Le chien doit comprendre que ses vocalises déclenchent le moment désagréable, et donc arrêter d’aboyer. C’est le principe de la punition : le collier punit le chien pour ses aboiements.

Quels sont les différents types de colliers ?

Le collier électrique : il émet une décharge électrique lorsque le chien aboie, à une intensité réglable.

Le collier à odeur (souvent la citronnelle) : il émet un jet de citronnelle, dont l’odeur est censée être désagréable pour le chien.

Le collier sonore : il émet un son ou un ultrason (audible seulement par les chiens).

Le collier à vibration : il vibre lorsque le chien aboie, à une intensité réglable.

Il arrive que deux types de punitions soient associés, par exemple les vibrations et le choc électrique. Certains utilisent même les vibrations comme moyen d’annoncer le choc électrique, ce qui inciterait le chien à s’arrêter dès la vibration pour éviter que le choc ne se déclenche.

Ces colliers peuvent être automatiques ou à télécommande. Le premier détecte l’aboiement du chien pour punir chaque fois que le chien aboie, le second nécessite que l’humain provoque la punition manuellement.

Une solution miracle ?

Avant de parler d’éthique, intéressons-nous quand même à l’efficacité de la méthode. Est-ce que ça marche ? Parfois oui, parfois non.

On ne peut passer à côté des nombreux satisfaits de ce produit, qui déclarent que ce collier a résolu instantanément les vocalises de leur chien. C’est sûrement vrai pour beaucoup d’entre eux.

Mais ne négligeons pas non plus les nombreux ratés ! De nombreux chiens s’acclimatent sans problèmes du jet de citronnelle, des vibrations ou du son, comme le témoignent ces commentaires lisibles sur internet* :

« Bruyant, sonnerie pendant la nuit, réveille le propriétaire, ça sonne et ça n’empêche pas le chien d’aboyer, produit inutile… »

« Super nul, ça ne fonctionne pas du tout ! Ni le son ni la vibration ne l’ont empêché d’aboyer ! Objet inutile ! »

« Ça n’a pas marché un petit peu. Mon chien l’a complètement ignoré. »

Si ces colliers semblent tout de même être efficace dans certains cas, est-ce une raison suffisante pour les utiliser ? Intéressons-nous maintenant aux « effets secondaires » du collier anti-aboiement.

Ces colliers peuvent-ils représenter un danger ?

Les dégâts physiques :

Oui, le collier électrique peut blesser le chien. Les décharges répétées, même à faible intensité, peuvent gravement brûler sa peau. Les chocs électriques peuvent être très dangereux pour les chiens de petites tailles (c’est d’ailleurs explicité sur les sites de vente). Pour se rendre compte de la douleur que peut engendrer ce type d’instrument, il suffit de l’essayer autour de notre bras : à faible intensité, on ressent des picotements, mais très rapidement la douleur est insupportable. Le chien, lui, l’a autour du cou !

Témoignages pour des colliers électriques* :

« Mon chien s’est retrouvé brûlé au bout du 3 ème jour, le collier était pourtant réglé au minimum et de plus le collier ne fonctionne plus. C’est un danger. Très mauvaise expérience »

« Danger ce collier pour une petite chienne de7kg qui c’est retourné d’un coup après l’activation de la manette à hurlé et fait un arrêt cardiaque ou j’ai du la réanimer moi même j’ai cru que je perder ma petite chienne danger je trouve que ce produit doit êtres enlever du commerce et je demande remboursement »

Les colliers à vibrations, à son et à jet de citronnelle ne sont pas dangereux pour la santé physique du chien (bien que la citronnelle serait toxique ou irritante selon certains dires).

Les dégâts psychologiques :

Le premier risque de l’utilisation de ces colliers est de causer un grave traumatisme au chien. Le collier électrique évidemment, mais aussi les autres, peuvent surprendre le chien et marquer profondément sa sensibilité. Même si votre chien n’est pas particulièrement sensible, il est placé contre son gré dans un état de mal-être qui est en contradiction totale avec les principes d’éducation positive et de bien-être animal.

Dans certains cas, les aboiements sont l’expression d’un mal-être déjà existant. Punir l’aboiement revient donc à punir le mal-être, ce qui accentue la détresse du chien et peut aggraver la situation.

Mais le risque majeur, et très grave, survient lorsque le chien ne comprend pas pourquoi il subit le moment désagréable. Le fait d’associer la punition à l’aboiement est loin d’être systématique ! Le collier est programmé pour se déclencher en cas d’aboiement, il ne prend donc pas en compte l’environnement du chien au moment où il se met en route. Le chien, lui, est soumis à une multitude de stimuli en même temps. Rien ne dit qu’il comprendra que, parmi tous ces stimuli, ce sont ses aboiements qui ont déclenché la punition.

Ainsi, le chien peut par exemple associer la punition à : la présence du collier, au fait d’être dans le jardin (si le chien aboie dans le jardin), d’être seul (s’il aboie lors de vos absences), au passage d’un humain extérieur (s’il aboie pour monter la garde) ou même à la présence de son propre humain (si l’utilisateur du collier crie ou punit par la voix en même temps que le chien se prend le choc). Ce phénomène peut créer et/ou empirer des problèmes de comportement (anxiété de séparation, craintes, réactivité etc).

Et évidemment, en cas de dysfonctionnement du collier, l’incompréhension est inévitable : si le collier ne se déclenche pas systématiquement, si le laps de temps entre l’aboiement et la punition est trop grand ou si la sensibilité du collier est trop importante, les conséquences peuvent être rapides, permanentes et désastreuses.

Cette incompréhension rend la punition aléatoire aux yeux du chien. C’est grave. Le chien se sent complétement impuissant : il subit une situation désagréable, stressante, voire douloureuse, le tout sans savoir pourquoi ni comment l’arrêter. Le niveau de stress causé par une telle situation peut mener le chien à la folie. Il peut entrer dans une détresse extrême et avoir des réactions très agressives de manière totalement imprévisible. Les dégâts causés alors peuvent être très difficiles à réparer.

Témoignages* :

« J‘ai acheter ce outil, il ne fonctionne pas comme voulu , le chien se prend une décharge même quand il n’aboie pas. »

« Appareil complétement stupide qui se déclenche même si le chien bouge un peu trop sans aboyer. Du coup inhibe complétement le chien, qui n’ose plus bouger ! »

« Après quelques jours d’utilisation, ayant bien respecté les conseils d’utilisations du constructeurs, le collier se déclenche quand ma chienne se secoue la tête même quand la sensibilité est au minimum. Ma chienne est désormais apeurée et ne comprend plus rien. Peur de sa corbeille et j’en passe parce que le collier se déclenche même si elle aboie pas. Elle s’est blessée en prenant peur. C’est sur qu’elle aboie plus même bon maintenant elle est tout le temps anxieuse parce que le collier se déclenche sans raison. C’est un cane corso de 45kg. C’est une chienne qui était sure d’elle alors que maintenant elle est peureuse au moindre bip. »

Que dit la loi ?

L’article 7 de la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie dit :

« Article 7 – Dressage

Aucun animal de compagnie ne doit être dressé d’une façon qui porte préjudice à sa santé et à son bien-être, notamment en le forçant à dépasser ses capacités ou sa force naturelles ou en utilisant des moyens artificiels qui provoquent des blessures ou d’inutiles douleurs, souffrances ou angoisses. »

Il me parait évident que cet article interdit toutes formes de punitions pour le chien puisqu’elles sont au moins source d’angoisse. Cet article est bien trop imprécis pour avoir une influence, et comme la plupart des lois sur les animaux, même si elles existent, elles ne sont souvent pas appliquées jusqu’à la sanction.

Le collier électrique est interdit à la vente dans plusieurs pays européen. En France, une proposition de loi interdisant ces colliers (ainsi que les étrangleurs et les torcatus) a été voté par l’Assemblée Nationale en janvier 2023. Son application devrait avoir lieu prochainement.

Ma conclusion

Après vous avoir expliqué tout cela, je peux vous dire explicitement que je suis contre l’utilisation des colliers anti-aboiement, quel que soit leur type et la raison de leur utilisation. Je suis absolument convaincu que cet usage provoque un mal-être chez le chien et entrave la compréhension de l’humain vis-à-vis de son animal. Il est tout à fait possible de faire autrement, et il est de notre responsabilité d’aller plus loin que l’utilisation de ces objets de facilité (qui n’en sont même pas forcément !).

Finalement, comment empêche-t-on notre chien d’aboyer ?

Pour répondre à cette question, je vous invite à lire cet article !

Maintenant, si vous décidez d’essayer l’un de ces colliers, c’est en connaissance de cause. Vous n’aurez pas mon soutient, surtout pour le collier électrique. Je vous demande au moins de vous assurer que c’est utile (ça résout le problème), que c’est cohérent pour le chien (une bonne association punition-aboiements) et que votre chien n’est pas impacté profondément dans son bien-être (pas de dégâts physiques, pas de traumatisme psychologique). Si vous constatez la moindre dégradation de son comportement, arrêtez immédiatement l’utilisation du collier.

*Je ne cite pas mes sources volontairement pour ne pas viser un produit en particulier et pour préserver l’anonymat des personnes qui ont commenté. Néanmoins, vous retrouvez sans problème ce genre d’avis sur plusieurs sites de vente en ligne.

Pour en savoir plus :

Conseils d’éducation : réguler les aboiements

Rapport scientifique rédigé à la demande du Conseil du bien-être des animaux en 2010 sur les Aspects de bien-être liés à l’utilisation de colliers électriques pour chiens.

Article sur le collier électrique qui cite des articles scientifiques consultables.

Conseils d’éducation : la propreté

La propreté est souvent le premier problème auquel nous sommes confrontés lorsque nous adoptons un bébé chien. C’est une difficulté commune, qui se résout en général facilement, et pourtant, un bon nombre d’entre nous ne s’en sort qu’au prix d’une longue bataille, et certains jamais.

La « recette » pour apprendre la propreté à un chiot est bien connue, mais tous les questionnements qui vont avec sont moins souvent abordés. Comment expliquer que certains chiots arrivent à la maison déjà propres ? Qu’est-ce qui peut expliquer un retard de propreté ? Comment se comporter en cas d’accident ? Attaquons-nous au sujet.

Quand commence l’apprentissage de la propreté ?

L’apprentissage de la propreté devrait commencer avant même que le chiot arrive chez vous. Le travail de l’éleveur sur ce sujet est décisif. Un chiot qui a toujours éliminé à l’intérieur mettra beaucoup de temps à comprendre que cela ne lui est plus autorisé. À l’inverse, un chiot qui a eu à disposition un coin d’herbe pour éliminer sera propre parfois dès son arrivée.

Et pas besoin d’être un petit élevage familial pour faire les choses correctement ! Il suffit de placer dans le box des chiots une litière en herbe synthétique. En encourageant la mère puis ses petits à faire dessus, les chiots prendront l’habitude de chercher de l’herbe pour se soulager.

N’hésitez pas à vous renseigner sur les pratiques de l’éleveur, et à demander que cela soit fait si ce n’est pas déjà le cas.

Comment apprendre la propreté à un chiot ?

Vous avez deux missions essentielles :

1. Encourager votre chiot à faire dehors en le félicitant avec beaucoup d’enthousiasme. Je vous conseille d’associer un mot au fait de faire pipi, comme « fais pipi ». Vous lui apprendrez ainsi à faire pipi « sur commande », ce qui peut accélérer son apprentissage et être utile dans le futur.

2. Anticiper les besoins de votre chiot pour qu’il ne soit pas à l’intérieur lorsqu’il a besoin de se soulager. Il faut donc systématiquement sortir son chiot après les repas, après la sieste, dans les moments d’excitation, et éviter de dépasser 2h entre deux sorties. C’est en observant attentivement votre chiot dans son quotidien que vous allez repérer ses habitudes et réussir à anticiper de mieux en mieux.

Comment réagir en cas d’accident ?

Si, pour une raison ou pour une autre, votre chiot a fait ses besoins à l’intérieur, vous devez avoir une réaction adaptée.

Si vous ne prenez pas votre chiot sur le fait, nettoyez comme si de rien n’était. Si vous disputez votre chiot à ce moment, il n’en comprendra certainement pas la raison.

Si votre chiot commence à faire ses besoins devant vous, ne vous énervez pas : gardez en tête qu’il n’a pas conscience qu’il fait une bêtise. Prenez-le et sortez-le. Inutile de s’énerver : votre chiot pourrait comprendre “je ne dois pas faire pipi” ou “je ne dois pas faire pipi devant lui” plutôt que “je ne dois pas faire pipi dedans”. À l’avenir, tâcher de mieux anticiper ou sortez le plus souvent.

Est-il nécessaire de le sortir la nuit ?

Ce n’est pas une obligation puisque les chiots qui ne l’ont pas été finissent aussi par être propres. Cependant, il y a plusieurs avantage à sortir son chiot la nuit. En effet, si votre chiot comprend rapidement qu’il ne doit pas faire à l’intérieur, il essayera de se retenir la nuit. Cette situation n’est pas confortable pour lui et son sommeil sera perturbé. S’il n’arrive pas à se retenir, il sera « obligé » de faire une bêtise, ce qui n’est ni bon pour son apprentissage, ni pour sa confiance en lui.

Combien de temps faut-il avant qu’il soit propre ?

Se retenir de faire ses besoins n’est pas évident. Cela nécessite des muscles appelés des sphincters, qui se renforcent en grandissant. Les sphincters du chiot ne sont pas complétement matures avant l’âge de 6 mois. Avant cet âge, la majorité des accidents sont donc dus au fait que votre chiot n’a physiologiquement pas pu se retenir plus longtemps.

Votre objectif n’est donc pas que votre chiot se retienne la journée entière, mais qu’il se retienne entre deux sorties. La durée entre deux sorties doit évidemment être adaptée à son âge et à sa physiologie. Pour avoir une idée de cette durée, comptez 1h par mois d’âge (2h à deux mois, 3h à 3 mois, etc).

Une fois adulte, c’est en apprenant à le connaître que vous saurez quelle est sa capacité maximale : certains chiens peuvent se retenir plus de 10h alors que d’autres ne dépasserons pas quelques heures. Dans tous les cas, ne poussez pas ses limites, car se retenir trop longtemps est une source d’inconfort mais aussi d’infections.

Est-ce une bonne idée d’utiliser les alèses ?

Les alèses sont des petites couvertures en papier absorbant sur lesquelles on peut apprendre au chien à se soulager pour ramasser plus vite. L’apprentissage sur alèse se fait exactement de la même façon que l’apprentissage sur l’herbe. Si vous avez un jardin, apprenez donc directement la propreté dehors.

L’alèse est souvent utilisée dans les appartements, car c’est plus pratique que de devoir promener le chien toutes les 2h. Cependant, elles peuvent être source d’incohérence pour le chiot, surtout lorsque les alèses lui sont retirées ! Elles peuvent donc ralentir l’apprentissage définitif, pensez-y lorsque vous faites le choix de les utiliser.

La cage peut-elle accélérer l’apprentissage ?

On entend souvent « la cage permet d’apprendre la propreté plus vite ». La raison est que le chien n’aimerait pas faire ses besoins sur son lieu de couchage. Le fait de faire dormir le chiot dans sa cage lui permettrait donc d’apprendre à se retenir plus vite.

De mon point de vue, je connais suffisamment de chiots qui adorent faire pipi sur leur coussin pour considérer que ce n’est pas si évident. Si effectivement le chien ne fait pas ses besoins sur son lieu de couchage, encore faut-il qu’il considère la cage comme tel ! En plus, les cages sont souvent prises assez grandes pour anticiper la taille du chien adulte, donc le chiot a largement la place pour faire ses besoins d’un côté et dormir de l’autre…

Pour en savoir plus sur la cage et les débats dont elle est sujet, je vous invite à lire cet article.

Quelles peuvent être les raisons d’un retard de propreté ?

De nombreuses raisons expliquent qu’un chiot ou un chien adulte ne soit pas propre. Elles dépendent de sa personnalité ou de sa santé par exemple. Voici quelques pistes (non-exhaustives) à explorer si vous rencontrez des problèmes d’apprentissage de la propreté.

L’inattention : la sortie est un bon moment pour votre chiot, il a envie de jouer, de courir, et il en oublie parfois de faire pipi ! Ce n’est alors que dans un retour au calme, à l’intérieur, qu’il prendra le temps de faire ses besoins. Pour éviter cela, quand vous sortez, attendez que votre chiot fasse pipi avant de jouer avec lui : le jeu doit être la récompense. Il comprendra ainsi que s’il veut jouer avec vous, il faut d’abord faire pipi. Si votre inaction ne dérange pas votre chiot qui s’amuse très bien tout seul, vous pouvez le garder en laisse. N’oubliez pas de lui répéter le mot-clé « fais pipi », et dès qu’il s’exécute, vous le détachez (ou vous mettez la longe) et vous jouez de tout votre cœur avec lui ! Surtout, ne le rentrez pas dès qu’il a fait pipi (sauf s’il en a envie), car votre chiot risquerait de retarder ce moment pour rester dehors.

La crainte de l’environnement : votre chiot ne fait pas pipi dehors et il se soulage à peine rentré ? S’il est peureux, il y a de fortes chances pour que cela soit dû à cela. Lorsque l’on fait ses besoins, nous sommes un instant dans une situation de vulnérabilité. Vous ne verrez jamais la victime d’une course-poursuite faire une pause pipi ! Votre chiot choisit naturellement un lieu où il se sent en confiance. Pour résoudre ce problème, il faut travailler sur la cause : les craintes de votre chiot face à l’environnement. En attendant, essayez de trouver un coin isolé où vous pouvez le mettre facilement à l’aise en jouant. L’utilisation d’une alèse peut aussi vous permettre de lui apprendre la propreté à l’intérieur en attendant que les causes soient réglées.

La demande d’attention : puisque faire pipi provoque une réaction de leur famille, certains chiots peuvent se soulager sous vos yeux pour attirer l’attention. Ça peut être un moyen pour demander à sortir par exemple. Si c’est le cas, votre chiot ne se cache pas pour se soulager et vous regarde pour attendre votre réaction. Si vous pensez que c’est le cas, il suffit d’ignorer votre chiot lorsqu’il fait cette bêtise, de nettoyer en son absence, et bien sûr de se demander pourquoi il en est arrivé là ! Il a peut-être besoin de plus d’interactions avec vous, ou au contraire d’apprendre à se détacher de vous.

Le marquage : au moment de la puberté, les chiens commencent à avoir un comportement de marquage. L’urine contient de nombreuses informations sur l’identité et l’état de l’individu qui l’émet. Les raisons exactes du marquage sont mal connues, mais il semblerait que les chiens l’émettent pour les autres, mais surtout pour eux-mêmes. Le marquage se reconnait car il ne contient que quelques gouttes. Ce comportement peut apparaître après des années de propreté parfaite. Si votre chien marque dans votre maison, il faut demander l’aide d’un professionnel pour identifier la cause de ce comportement et la résoudre. La stérilisation ne résout pas toujours ce problème.

Les problèmes médicaux : si votre chien était propre et se met soudain à faire ses besoins dans la maison, votre première préoccupation doit être sa santé. Des problèmes d’incontinences ou d’infection urinaire peuvent en être la cause. Vous devez donc commencer par voir un vétérinaire.

Si les problèmes de propreté de votre chien persistent, faites appel à un professionnel pour en identifier la raison et mettre en place la solution.

Vous l’avez compris, la propreté n’est pas toujours un long fleuve tranquille ! Heureusement, dans la majorité des cas, le bon sens et la patience suffisent. Et maintenant, à vos lavettes !

Pour plus d’informations :

Le débat : la cage

Le débat : la cage

La cage, connue aussi sous la forme du parc à chien, permet d’enfermer le chien dans un espace limité et contrôlé. Elle fait l’objet de nombreux débats en ce qui concerne l’éducation du chien. Faisons le point.

Pour commencer, voyons la méthode pour apprendre la cage à son chien : il faut créer une association positive en faisant vivre au chien des bons moments dans sa cage. Voici les grandes lignes :

Ce qu’il faut faire :

– Lui donner à manger dans sa cage

– Lui donner des friandises au moment de l’y mettre

– Lui laisser des jouets

– Le récompenser lorsqu’il va dans sa cage de lui-même

– Lui apprendre petit à petit à y rester porte fermée

Ce qu’il ne faut pas faire :

– Ne pas utiliser la cage comme lieu de punition

– Ne pas déranger le chien lorsqu’il est dans sa cage (lorsqu’il mange ou qu’il dort)

– Ne pas le forcer à y rester s’il montre des signes de mal-être ou d’angoisse

Plutôt simple, n’est-ce pas ? Mais à quoi cela peut-il servir ? Voici ce qui se dit :

« La cage permet d’apprendre la propreté plus vite. » : selon certains, le chien n’aimerait pas faire ses besoins sur son lieu de couchage. Le fait de faire dormir le chiot dans sa cage lui permettrait donc d’apprendre à se retenir plus vite.

De mon point de vue, je connais suffisamment de chiots qui adorent faire pipi sur leur coussin pour considérer que ce n’est pas si évident. Si effectivement le chien ne fait pas ses besoins sur son lieu de couchage, encore faut-il qu’il considère la cage comme tel ! En plus, les cages sont souvent prises assez grandes pour anticiper la taille du chien adulte, donc le chiot a largement la place pour faire ses besoins d’un côté et dormir de l’autre…

Mais surtout, même si c’était vrai, n’oubliez pas que le chiot est physiologiquement incapable de se retenir tout une nuit ! Si vous choisissez de le mettre en cage pour cette raison, assurez-vous de le sortir régulièrement y compris la nuit. Se retenir aussi longtemps est une source de grand inconfort pour le chiot, ce qui l’empêche de dormir profondément.

« La cage évite la destruction la nuit et pendant les absences. » : un chien enfermé dans une cage ne peut évidemment pas manger les pieds du canapé, élémentaire mon cher Watson… Est-ce une raison de l’utiliser pour autant ? Si vous avez lu mon article sur les bêtises, vous savez que le meilleur moyen d’apprendre à un chiot à ne pas faire de bêtises, c’est qu’il n’ait jamais la possibilité d’en faire. En cela, la cage est effectivement un moyen sûr d’empêcher tout débordement lorsque vous n’êtes pas disponible pour le surveiller. Mais la frontière entre élément d’éducation et solution de facilité est fine.

« La cage est un lieu sécurisant pour le chien. » : Ça dépend des chiens, et de la manière dont on l’utilise. Si la cage est synonyme de tranquillité pour le chien, c’est-à-dire que personne ne vient le déranger quand il s’y trouve, alors certains vont grandement apprécier ce petit coin au calme. Mais ils vont vite se sentir exclus s’ils sont contraints d’y rester. Le mieux, c’est de laisser le choix à votre chien en ne fermant jamais la porte (ou exceptionnellement). Il y a alors de grandes chances pour qu’il y aille de son plein gré dès qu’il ressentira le besoin de s’isoler.

« Le chien peut apprendre à aimer la cage. » : beaucoup disent qu’il suffit de créer chez le chien une association positive, en donnant sa nourriture dans sa cage et en y laissant des jouets. Cela suffit-il vraiment à ce que votre chien saute de joie quand vous l’y enfermez ?

Mettez-vous à sa place : je place votre lit dans une chambre sous l’escalier (à la Harry Potter, on parle d’une cage d’1m2 pas d’un palace). Vous pouvez tout de même y vivre de bons moments, et aimer cette pièce où vous trouvez votre refuge. Et puis un jour, je ferme la porte et je reviens 6h plus tard. Je précise que vous n’avez que 2 peluches, mais ni téléphone ni livres. Alors, pensez-vous qu’aimer votre chambre revient au même qu’aimer y être enfermé ?

Non, les jouets ne suffisent pas : l’activité principale du chien est la recherche d’odeur et l’exploration, alors quoi de plus fade qu’un même mètre carré pendant plusieurs heures ? Et les friandises ? Si tout de fois vous trouvez une friandise qui résiste à la mastication assez longtemps, imaginez-vous mâcher le même chewing-gum pendant trois heures et vous comprendrez.

Bien sûr, l’association positive existe et elle est indispensable, mais elle ne fera pas aimer à votre chien le fait d’être enfermé. C’est avant tout un moyen pour vous faire déculpabiliser, car, soyons honnête, la cage pour éduquer un chiot reste avant tout pratique pour l’humain, pas pour le chien.

Alors, je suis contre la cage ? Bien sûr que non !

La cage est parfois très utile. Elle est un moyen de mettre le chien et son entourage en sécurité lors d’un déplacement ou en cas de remue-ménage dans la maison (déménagement, travaux, fêtes). Elle peut être un moyen de séparer deux chiens lors du repas pour éviter les disputes. Et elle est parfois indispensable, en cas de convalescence après une grosse opération par exemple.

Pour ces raisons, si la cage n’est pas indispensable pour éduquer son chiot, son apprentissage est essentiel. Le but n’est pas que le chien aime être enfermé (ce qui je pense est presque impossible) mais au moins qu’il l’accepte. La cage peut devenir une normalité, surtout si elle est introduite tôt dans la vie du chien.

Si après tout cela vous décidez quand même d’utiliser la cage comme moyen d’éducation, êtes-vous d’affreux et cruels personnages ?

Si l’apprentissage de la cage est bien mené (comme expliqué au tout début), nous avons vu que votre chien n’aimera pas être enfermé, mais qu’il peut l’accepter. Après tout, est-ce que toute la vie du chien n’est pas une histoire d’acceptation ? Prenons l’accessoire le plus utilisé du monde canin : la laisse. Pensez-vous que le chien aime être attaché à 1m de vous ? Non, mais il fait avec. Et pourtant on ne met pas au bucher les utilisateurs de laisses !

Selon moi, la principale utilité d’enfermer son chiot dans la cage en cas d’absence est d’être sûr qu’il ne puisse pas apprendre à faire de bêtises. Pour que cela respecte quand même le bien-être de votre chien, il faut respecter 3 règles :

– La taille : prenez la cage la plus grande possible. Il faut au minimum que votre chien puisse s’y tenir debout et allongé de tout son long, et faire demi-tour sans aucune difficulté.

– Le temps : ne l’y enfermez pas trop longtemps. Lorsqu’il est chiot, ne dépassez pas sa capacité à se retenir de faire ses besoins. Chez le chien adulte, s’il reste sage en votre absence, laissez-lui la cage ouverte. L’enfermer dans la cage doit rester exceptionnel.

– Le divertissement : laissez à votre chien de quoi mastiquer longuement et quelques friandises dans un tapis de fouille par exemple. Vous pouvez aussi étaler du kiri sur les barreaux.

Pour conclure ce débat, le chien peut accepter la cage comme il accepte de rester seul ou en laisse. Mais lorsqu’on choisit de s’en servir, il faut savoir pourquoi on l’utilise, le faire correctement, et surtout ne pas en abuser.

Pour plus d’informations :

Capsule d’éducation : éviter les bêtises

Capsule d’éducation : lui apprendre à rester seul

Conseils d’éducation : utiliser une longe

Globalement, on appelle « longe » une laisse de plus de 3m. C’est un indispensable pour permettre à son chien une vie épanouie !

A quoi sert-elle ?

La longe sert à promener son chien lorsque l’on ne veut pas le détacher complètement (pour garder un certain contrôle, par peur ou précaution par exemple). Elle permet au chien d’être assez libre lors de la balade, et donc de pouvoir explorer, sentir, et se promener comme il le souhaite.

Les avantages sont considérables : votre chien vit une balade épanouissante sans que vous ne soyez stressé parce qu’il est détaché. La longe est aussi très utile pour la sécurité : si votre chien n’a pas un rappel parfait, elle permet de réagir rapidement lorsque l’on rencontre un chien méchant, un danger ou une personne qui n’aime pas les chiens. Enfin, la longe est très utile pour travailler le rappel (voir l’article).

Comment l’utiliser ?

La longe doit fonctionner comme une laisse enrouleuse, sauf que l’enrouleur, c’est vous. La laisse enrouleuse n’est pas conseillée pour plusieurs raisons : elle est souvent fragile et le mécanisme peut se casser facilement ; elle induit une tension permanente sur le chien, ce qui l’habitue à tirer sur la laisse.

Pour faire simple : la partie de la longe inutile doit traîner par terre (oui elle devient sale, mais c’est comme ça qu’on fait.). Elle se tient à 2 mains, l’une est la prise, l’autre enroule. Si votre chien s’éloigne, laisser la glisser entre vos doigts (attention aux brûlures, n’hésitez pas à mettre des gants). Si votre chien s’approche, la main la plus éloignée du chien sur la longe (celle à l’arrière) tire sur la longe pour la raccourcir. C’est aussi simple que ça ! Si vous trouvez que votre longe est trop longue, enroulez l’arrière et faites un nœud, mais laissez le nœud trainer par terre pour une bonne utilisation.

Et puisque c’est toujours mieux en image, voici un petit dessin réalisé exprès pour vous ! Comment ça, c’est moche ?

Clicker training : la méthode du shaping

On vous a parlé de clicker et vous voulez en savoir plus ? Vous voulez vous initier ou vous améliorer en clicker training ? Vous voulez dépenser et stimuler votre chien en le faisant réfléchir ? Vous êtes au bon endroit !

Le clicker, c’est quoi ? Le clicker (ou cliqueur) est un petit outil constitué d’une lamelle de métal. Lorsque l’on appuie sur cette lamelle, l’outil produit un son « click », d’où le nom du clicker. Il s’achète facilement en magasin ou sur internet pour un prix moyen de 5€.

A quoi sert le clicker ? Le clicker sert à établir un signal de communication clair entre vous et votre chien : le son du clicker doit devenir une validation du comportement de votre chien. En gros, le son du clicker doit devenir équivalent à un « ce que tu viens juste de faire est exactement ce que je veux que tu fasses ».

Pourquoi utiliser un clicker ? Le clicker n’est pas indispensable dans l’éducation : les récompenses et votre voix, si bien utilisés, suffisent à bien communiquer avec votre chien. Cependant, le clicker a deux avantages : il est neutre (là où votre ton de voix trahira forcément vos émotions, positives ou négatives) et il est précis (là où le temps de sortir la friandise votre chien aura déjà fait plein d’autres choses).

Dans quelle(s) situation(s) utiliser un clicker ? Dans un premier temps, surtout aux débutants, je déconseille d’utiliser le clicker en éducation, car il peut vite devenir omniprésent et donc incompréhensible pour votre chien : si vous cliquez lorsqu’il ne saute pas, lorsqu’il revient et lorsqu’il se couche, votre chien ne va plus savoir pourquoi vous cliquez ! Pourtant, je ne vous présente pas le clicker pour rien ! Ici je vous parlerai de son aspect ludique : le clicker training peut être un véritable jeu pour votre chien ! Bien utilisé, il le fait réfléchir, c’est un exercice très épanouissant pour lui. Le clicker training peut être fait avec tous les chiens, peu importe la race et l’âge. 

Comment utiliser le clicker ? Votre chien ne sait pas a priori que le bruit du clicker est une validation, il va donc falloir lui apprendre, c’est ce qu’on appelle « charger » le chien. Pour cela rien de plus simple : on click et on donne une récompense, des dizaines de fois, jusqu’à ce que le chien soit chargé. Pour vérifier que votre chien est chargé, vous cliquez dans un moment où il ne fait pas attention à vous, et vous vérifiez s’il réagit au son en venant chercher sa récompense. Tant que ce n’est pas le cas, on continue. Chaque click doit absolument être suivi d’une récompense pour conserver sa valeur. Et oui, le clicker, ce n’est pas pour les radins ! Armez vous de récompenses faibles en calories et de toutes petites tailles (divisez les friandises en tout petits morceaux).

Et une fois que mon chien est chargé ? La fête peut commencer ! Ici je ne vous parlerai que de la méthode du shaping. Le shaping (de l’anglais « donner forme ») consiste à attendre que le chien propose un comportement, et à valider tout comportement se rapprochant de celui attendu jusqu’à atteindre celui final. Notez bien que l’ensemble de l’exercice se fait en silence ! Votre rôle ici n’est pas de guider le chien mais de valider ce qu’il propose de lui-même. Pour bien comprendre, regardez la vidéo de Saga !

Le débat : n’y a-t-il vraiment que des mauvais maîtres ?

« Il n’y a pas de mauvais chiens, il n’y a que de mauvais maîtres. »

Allons droit au but : cette phrase est fausse.

Bon, je vous vois venir, la moitié est vraie : il n’y a pas de « mauvais chiens ». Les chiens sont des êtres vivants, des individus à part entière. Comme tout être vivant, leur développement est influencé par une grande diversité de facteurs : sa famille évidemment, mais aussi sa génétique, sa personnalité, ses expériences avant et après l’adoption. Alors oui, il arrive qu’un chien ne corresponde pas aux critères du « bon chien », docile, obéissant et affectueux, mais ce n’est pas forcément la faute du maître, loin de là.

En parlant du « bon chien » : chaque chien est unique, avec son caractère et son histoire, alors rien ne sert de chercher à tout prix la « bonne recette ». Chacun aura ses propres attentes vis-à-vis de son chien. Si certains refusent que leur chien aboie, d’autres préfèrent qu’il monte la garde ; alors que la plupart cherchent à empêcher ses sauts sur les gens, certains aiment jouer au corps à corps avec lui ; quand quelques-uns aiment son côté indépendant, les autres ne s’imaginent pas sans leur « pot de glu » ! Rien ne sert de reprocher à votre voisin que son chien n’aime pas les chats si le voisin lui-même pousse son chien à les chasser.

En écoutant les gens parler de leurs chiens, on constate assez vite une forme d’ego mis en jeu. Les réussites de notre chien deviennent nos réussites, peut-être car l’on considère qu’elles sont dues à notre super éducation. Et pourtant, vous avez un gentil chien ? Vous y êtes sans doute pour quelque chose, mais vous avez surtout de la chance ! Car je vous assure que personne n’est capable d’éduquer ou de gérer tous les chiens du monde. Et s’il parait évident qu’un ancien maltraité de la SPA ne sera pas toujours un chien facile, il est aussi vrai que l’évolution d’un chiot équilibré adopté bébé ne dépend pas que de l’éducation dispensée par sa famille !

Mais en réalité, le pire dans cette phrase, c’est qu’elle est extrêmement culpabilisante. Imaginez-vous, un chien excité ou agressif au bout de la laisse, les regards lourds sur vous dans la rue. Vous rentrez chez vous, votre famille vous dit « tu es trop gentil avec lui », votre éducateur vous explique « c’est parce que vous êtes trop stressé », et au loin dans les murmures vous entendez sans arrêt « s’il faisait ci, s’il faisait ça ». Cette situation, de nombreuses personnes la subissent au quotidien, et si malheureusement certains devraient vraiment remettre en cause leur façon de se comporter avec leur chien, beaucoup font de leur mieux, et certains sont juste mal informés. Accuser toujours l’humain, c’est fermer les yeux sur des dizaines d’autres causes possibles. Et surtout, c’est faire un ennemi d’un potentiel allié.

Le meilleur moyen d’aider, ce n’est pas de reprocher, mais de soutenir. Alors s’il vous vient l’envie de dire « ton chien est trop excité », dites plutôt « Il est plein de vie ton chien, ça se passe bien avec lui ? » ; s’il vous vient l’envie de dire « il est méchant ton chien », dites plutôt « il n’a pas l’air à l’aise, ce n’est pas trop dur à gérer ? ». Vous remarquerez bien vite que cette approche est beaucoup plus efficace. La gentillesse et l’écoute délient la parole, et une discussion bienveillante permet souvent de mieux comprendre, pour mieux aider. Mais ne forcez jamais la parole, ni la vôtre (vous avez le droit de ne pas avoir envie de discuter) ni celle de l’autre (lui aussi !).

Pour conclure cette réflexion, rappelons-nous que les chiens sont des êtres incroyables, capables d’aimer sans compter, et surtout sans jamais juger. Alors soyons un peu comme eux : ne jugeons pas, soutenons-nous et profitons sans aucune attente de nos compagnons !