Quand on commence à s’intéresser à l’éducation des chiens, on constate rapidement que tout le monde n’est pas d’accord sur les méthodes à utiliser. Loin de faire l’unanimité, l’éducation dite “positive” est victime de beaucoup de méconnaissances et de jugements infondés : éducation laxiste, réservée aux chiens “gentils”, dans un monde de bisounours, etc.
Voici un dossier complet pour bien comprendre l’éducation positive, sa définition, son histoire, ses fondements et ses intérêts.
Puisque nous sommes dans le cadre d’un débat de société, il me paraît indispensable d’appuyer mes arguments sur des sources fiables et pertinentes. Vous trouverez donc une bibliographie complète à la fin de l’article.
Définir l’éducation positive
Officiellement, il n’existe aucune définition exacte du terme “éducation positive”. Intéressons-nous en premier lieu à la définition du mot “éducation”.
Selon le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), l’éducation est l’Art d’élever ou de dresser des animaux domestiques. Puisque cela nous donne peu d’information éclairante, penchons-nous sur la définition de dresser, son synonyme : Fait d’habituer un animal à certains comportements1.
Finalement, on entend éduquer son chien en lui inculquant certains comportements désirables, communément faire ses besoins à l’extérieur, être calme dans la maison, ne pas manger la nourriture autre que celle qui lui est distribuée, marcher calmement lorsqu’il est attaché, revenir quand on l’appelle, etc. Jusque-là, je pense que nous sommes d’accord.
Mais en faisant mes recherches, je me suis souvent confronté à l’éducation pour les enfants. Voici comment le CNRTL la définit : Art de former une personne, spécialement un enfant ou un adolescent, en développant ses qualités physiques, intellectuelles et morales, de façon à lui permettre d’affronter sa vie personnelle et sociale avec une personnalité suffisamment épanouie.
Je pense que nous tenons là un élément intéressant : alors que l’éducation des animaux se concentre sur ses comportements et la satisfaction de l’éducateur, l’éducation des enfants a un objectif d’autonomisation et d’épanouissement de l’éduqué. Pour caricaturer, éduquer un animal est une action égoïste, alors qu’éduquer un enfant est une action altruiste. C’est ce constat triste et injuste qui nous pousse à changer notre regard sur nos chiens, à l’heure où leur place dans la famille est plus celle d’un membre à part entière que celle d’un animal domestique.
L’éducation positive est donc, plus qu’une façon d’éduquer, une philosophie de vie, qui replace les besoins et le bien-être du chien éduqué au centre de la problématique.
Maintenant, pourquoi l’appeler l’éducation “positive” ?
A l’origine, le terme positif fait référence au renforcement positif, qui est une méthode d’éducation qui consiste à renforcer un comportement en le récompensant. Mais en réalité, l’éducation positive regroupe une multitude de méthodes2.
Les plus connues sont celles du conditionnement opérant : R+, R-, P+, P-.
Seuls le R+ et le P- sont utilisés en éducation positive, avec un maximum de R+ et un minimum de P-. La raison ? Seule la méthode du renforcement positif a des effets secondaires bénéfiques comme la prise de confiance en soi par l’animal ou la consolidation de la relation homme-chien3. Le R- et le P+ ont les effets délétères inverses4.
On bannit également tout ce qui est synonyme de peur ou de stress, comme le principe d’immersion, les outils coercitifs, et toutes les méthodes d’éducation qui se basent sur la théorie de la dominance, clamant qu’il est nécessaire de dominer son chien pour se faire respecter. Cette idée est erronée et maintenant mise de côté5.
En éducation positive, on trouve notamment les méthodes de conditionnement classique (le principe d’association d’idées), d’habituation, de désensibilisation, ainsi que de nombreux concepts tels que la zone de confort, la porte de sortie, la règle des 3D ou encore le seuil émotionnel. Toutes ces méthodes ont en commun le respect du chien dans son intégrité physique et psychique. Elles se suffisent à elles-mêmes, à condition qu’elles soient maîtrisées en théorie et en pratique.
La plupart du temps, les propriétaires de chiens et certains professionnels n’ont pas les connaissances et les compétences nécessaires à la bonne application des méthodes positives. On se retrouve alors rapidement dans ce qu’on appelle l’éducation “tradi-bonbon“. Elle consiste à compiler grossièrement l’ensemble des méthodes connues, qu’elles soient positives ou non. Elle peut laisser place à des erreurs et des incohérences nuisibles pour l’animal.
Pour résumer, l’éducation positive est un ensemble de méthodes se basant sur les théories de l’apprentissage et l’éthologie canine moderne, ayant pour objectif l’intégration du chien dans son environnement, tout en respectant ses besoins et son bien-être.
L’histoire de l’éducation positive
Il n’y a pas si longtemps, le chien était uniquement destiné au travail, pour la chasse, la garde ou le transport. En France, c’est au milieu du 18ème siècle, dans la sphère aristocratique, qu’il commence à devenir un animal destiné à la compagnie, avant de conquérir définitivement nos foyers après la Seconde Guerre Mondiale6. Le dressage était alors principalement basé sur la coercition et la soumission.
Les méthodes d’éducation ont évolué au rythme des découvertes scientifiques. En effet, les animaux, chiens compris, ont longtemps été considérés comme des êtres mécaniques, incapables d’apprendre ou d’avoir des émotions. Le tournant historique à l’origine des méthodes modernes se réalise par la découverte du conditionnement opérant par B.F. Skinner, en 19387. Grâce à ses travaux sur les rats, il a démontré que les animaux sont capables de comprendre et retenir les conséquences de leurs actions, et d’utiliser leurs expériences pour prendre des décisions.
Grâce à ces nouvelles connaissances, d’autres méthodes de dressage sont apparues. La plus connue est celle de l’entrainement clicker, développé en 1970 par Karen Pryor, dresseuse de dauphins8. En utilisant le conditionnement opérant théorisé par Skinner, le clicker permet d’apprendre à un animal n’importe quel comportement, avec sa coopération.
image du site clickertraining.com
Dans une ère où le métier de soigneur animalier était particulièrement risqué, la technique a rapidement conquis les parcs zoologiques. Les soins imposés par la force ou les sédatifs ont donc été remplacés par des méthodes coopératives, diminuant radicalement les risques pour l’animal comme pour les soigneurs9. Si les méthodes positives fonctionnent sur des ours et des lions, pourquoi ne fonctionnerait-elle pas également sur nos animaux domestiques ?
Ces nouvelles méthodes ont été popularisées pour les chiens grâce à des personnes comme Ian Dunbar, vétérinaire comportementaliste américain mondialement reconnu. A l’aide de ses nombreux livres, conférences et formations, Ian Dunbar a contribué à démocratiser l’éducation canine en la rendant plus accessible et plus respectueuse de l’animal10.
En France, l’utilisation de l’éducation positive est plus récente. Dans les années 2000, Catherine Collignon, pionnière sur ce sujet, démocratise l’entraînement au clicker et fonde le MFEC (Mouvement professionnel Francophone des Educateurs de Chiens de compagnie), avec le soutien de Ian Dunbar11.
Aujourd’hui, de plus en plus de personnes utilisent l’éducation positive pour leur chien. Les mœurs et les lois évoluent en faveur d’un plus grand respect de l’animal, sensibilisant et responsabilisant peu à peu les propriétaires.
Brisons les idées reçues !
Bien que l’efficacité et les bienfaits des méthodes positives soient aujourd’hui prouvés, de nombreux mythes les décrédibilisent encore, ralentissant sa progression dans les foyers. Expliquons-les ensemble.
- L’éducation positive ne consiste pas à distribuer bêtement des friandises !
La nourriture est un renforçateur primaire, c’est-à-dire qu’elle est naturellement une récompense pour le chien. C’est donc un moyen efficace de renforcer un comportement. Mais pour l’utiliser correctement, encore faut-il savoir exactement quel comportement renforcer, quand et dans quel contexte ! Plus généralement, modifier un comportement de manière efficace et durable nécessite des connaissances scientifiques et techniques12.
La friandise n’étant pas appréciée de la même manière par tous les chiens, il est également nécessaire de se questionner sur les différentes récompenses, l’objectif étant toujours de privilégier la motivation naturelle du chien. L’utilisation de récompenses ne garantit pas un résultat, et elle ne garantit pas non plus le bien-être du chien ! Ces notions sont différentes et sont tout autant prises en compte en éducation positive.
- L’éducation positive n’est pas une éducation laxiste ou permissive !
L’éducation positive pose bien évidemment des “limites”. Si on n’attend pas du chien qu’il respecte des règles, rien ne sert de l’éduquer… Les méthodes positives ne sont pas tellement différentes des méthodes traditionnelles par les résultats attendus, mais plutôt par les moyens de les atteindre. Une nuance tout de même, il ne sera pas demandé au chien de produire un comportement qui lui est nuisible physiquement ou psychologiquement, même si c’est ce qui convient à l’homme. On cherchera alors des solutions d’aménagement de l’environnement.
Les mauvais comportements ne sont pas ignorés. Il ne suffit pas non plus de distraire le chien de la source du problème. Si ces deux points sont parfois mis en place, c’est parce qu’ils ont, dans certains contextes, une réelle utilité à court ou long terme. Les méthodes positives sont suffisamment étayées pour éliminer les comportements gênants sans utiliser de méthodes punitives ou aversives.
Il est imprécis d’affirmer que l’éducation positive ne comprend pas de punition. Elle inclut en effet l’utilisation de “punition négative”, c’est-à-dire le fait de retirer quelque chose d’agréable pour le chien s’il ne produit pas le comportement attendu. Mais l’objectif est avant tout d’obtenir ses attentes en exploitant au maximum les comportements naturels du chien, ce qui demande des connaissances en éthologie et en psychologie canine.
- La punition n’est JAMAIS la seule solution !
On parle dans cette partie de “punition positive”, c’est-à-dire le fait d’ajouter quelque chose de désagréable pour le chien pour éliminer un comportement gênant. Les “quelques choses” de désagréable peuvent aller du simple “NON”, au choc électrique, en passant par la saccade sur la laisse, la canette de cailloux à agiter, les menaces, etc.
Oui, il est possible d’obtenir tout type de comportement uniquement avec des méthodes positives. Tout ce que vous avez envie de changer chez votre chien peut se faire sans punition. Il s’agit seulement de trouver l’approche qui vous correspond, à vous et votre chien, en s’appuyant sur les multiples outils que propose l’éducation positive.
- L’éducation positive convient à TOUS les chiens !
Aucun chien n’a besoin de brutalité ou de punition positive pour apprendre ! Même les chiens “dominants”, même les chiens “têtus”, même les chiens “agressifs” ! De nombreux chiens ont été rééduqués de A à Z en méthodes positives, même des cas très difficiles.
Et pour trouver tous ces chiens rééduqués en positif, il ne faut pas aller bien loin. Pour en avoir un aperçu, vous pouvez vous intéresser à l’association In Dog We Trust, qui récupère des chiens dangereux et les place auprès de professionnels canins en positif pour une réhabilitation complète. Sur son site internet, vous trouverez plusieurs vidéos de rééducation. Et non, bien que souvent plus discrets, les positifs ne se cachent pas, il suffit de les chercher !
Enfin, contrairement à ce que prétendent certaines rumeurs, il n’est nulle part affirmé que l’éducation positive peut préconiser l’euthanasie. Malheureusement, il existe des cas extrêmes de chiens qui, victimes d’une pathologie grave ou détruits par la maltraitance, présentent un danger irrattrapable pour la société. Ces chiens sont rares, et si une véritable connaissance du chien et des méthodes modernes ne peuvent pas les réhabiliter, l’éducation traditionnelle y échouera également et risquera au contraire de briser totalement le mental du chien. Ces chiens sont, autant que possible, placés en sanctuaire pour vivre une vie heureuse loin de tous dangers.
Les principes de base de l’éducation positive
- Renforcer les bons comportements
L’éducation positive, c’est évidemment récompenser le chien quand il fait quelque chose de bien. On peut récompenser le chien avec de la nourriture ou un jeu par exemple, mais attention, c’est le chien qui choisit sa récompense ! Si votre chien n’est pas intéressé par votre récompense, le travail sera inefficace. Puisque vous ne pouvez pas décider de ce qui motive votre chien, à vous d’essayer plusieurs possibilités afin de trouver les meilleures récompenses.
Au maximum, on identifie ce que le chien souhaite, comme par exemple passer la porte, avoir de l’attention ou être détaché, et on se sert de cette motivation comme récompense. Utiliser la motivation naturelle du chien garantit un apprentissage efficace et durable !
- Mettre le chien en condition de réussite
En éducation positive, on aménage l’environnement pour que le chien soit au maximum en réussite. Plus le chien échoue un exercice, plus il perd confiance en lui et en l’entraineur. Au contraire, plus on adapte la difficulté pour qu’elle soit stimulante mais atteignable, plus il sera motivé et plus il progressera vite.
Ce principe est particulièrement crucial en rééducation lorsque l’émotionnel est en jeu. Apprendriez-vous un poème par cœur, assis sur un champ de bataille ? Non, même si vous le vouliez, c’est impossible, car votre instinct de survie ne vous le permet pas. Le chien réagit de la même façon, il ne peut pas apprendre s’il est submergé par ses émotions. Il est donc indispensable de le garder en sécurité émotionnelle et de travailler à son rythme.
- Communiquer
Dis comme ça, cela semble évident, et pourtant, combien de chiens sont “juste” incompris ? Plusieurs études ont montré que plus un individu a de contrôle sur une situation stressante, moins il sera stressé13. Chez le chien, dont les humains contrôlent l’intégralité de la vie, le niveau de stress peut augmenter rapidement. La compréhension des signaux naturels du chien et la mise en place de signaux interspécifiques (entre chien et humain) est donc indispensable pour créer une relation équilibrée, qui laisse au chien la possibilité de s’exprimer et de décider pour lui-même.
- Comprendre et respecter les besoins du chien
Creuser dans les plantes, poursuivre les chats, déchirer les coussins, autant de comportements que l’on souhaiterait souvent voir disparaître. Pourtant, ce sont des comportements naturels qui ont parfois besoin de s’exprimer ! Tenter de les réprimer sans les compenser, c’est faire du chien une cocotte minute qui craquera un jour ou l’autre. Pour cette raison, si un exercice nécessite de supprimer l’expression d’un besoin naturel, l’éducation positive met un point d’honneur à le compenser par la mise en place d’une activité de substitution.
Il arrive que les besoins d’un chien soient incompatibles avec le mode de vie de ses humains. Souvent, le chien développe alors des comportements dérangeants en lien avec ses besoins non comblés. Ses propriétaires, en difficulté, n’ont d’autres choix que de changer leurs habitudes ou de replacer leur compagnon. Avant l’adoption, il est donc nécessaire de prendre en compte les besoins de l’espèce et de la race, tout en gardant à l’esprit que chaque individu est unique et a ses propres besoins. L’éducation moderne s’attache ainsi à faire de la prévention en accompagnant les familles lors du choix de leur compagnon.
Pourquoi utiliser l’éducation positive ?
- Pour des raisons éthiques
D’abord parce que la brutalité n’est pas une valeur appréciable ni valorisante. Eduquer en positif, c’est s’interroger sur la manière d’être le plus éthique possible dans notre façon d’intégrer un animal dans notre foyer.
Mais l’éthique est un ensemble de valeurs et de normes sociales qui varient selon les lieux et les époques, difficile de l’imposer à nos voisins. Si en France, la morale tend en faveur du respect et du bien-être de nos animaux de compagnie, c’est loin d’être le cas partout. Les débats doivent donc rester courtois afin de partager notre point de vue en toute bienveillance.
- Elle permet de construire une belle relation avec votre chien
Et la relation, c’est la base de tout ! Sans une belle relation, votre chien ne vous écoutera pas et les apprentissages seront difficiles et désagréables. Suivriez-vous un maître que vous n’aimez pas ? Oui, s’il vous menace, mais à la moindre occasion vous fuiriez. Le chien est pareil ! Il vous suivra fidèlement seulement s’il aime être avec vous et s’il a confiance en vous.
- Elle donne à votre chien plus de confiance en lui
Une petite expérience simple permet de bien comprendre l’impact des modes d’apprentissage sur l’état d’esprit d’un individu. On place 2 personnes dans une pièce, on leur bande les yeux, puis on place une chaise dans la pièce. L’objectif est de leur faire comprendre qu’ils doivent se placer derrière la chaise. Pour cela, 2 méthodes : on utilise un clicker avec récompense (un smarties) pour l’un, et un bracelet à choc électrique pour l’autre. Rapidement, la personne récompensée va réussir l’exercice et se placer derrière la chaise, tandis que la personne punie fera de plus en plus d’erreurs, jusqu’à s’immobiliser complètement, sans essayer quoi que ce soit. Pour voir l’expérience, vous pouvez regarder cette vidéo.
Les méthodes positives ne permettent pas seulement d’éduquer son chien, elles ont aussi des effets supplémentaires bénéfiques sur le chien lui-même ! Et un chien qui a confiance en lui, c’est un chien qui est à l’aise, qui communique calmement et qui fait des choix judicieux. Que du bonus, donc !
- Elle vous apporte aussi à vous même
Réflexion, patience et bienveillance sont autant de qualités que vous apportera l’éducation positive ! En apprenant et en pratiquant les méthodes positives, on s’instruit scientifiquement, on apprend à comprendre notre chien, les chiens en général, mais également nous-mêmes.
Ce n’est pas pour rien qu’autant de personnes se reconvertissent en éducateur comportementaliste, la pratique de ce métier et la passion de la cynologie est une véritable redécouverte de soi et de ses valeurs. Et lorsque l’on s’entoure des bonnes personnes, c’est un plongeon dans un monde de pensées positives et de bienveillance. L’éducation positive c’est aussi une aventure humaine !
Pourquoi les méthodes traditionnelles persistent malgré l’efficacité et les bénéfices des méthodes positives ?
Bon, maintenant que vous êtes arrivé jusque-là, j’espère que vous êtes autant convaincus que moi sur les multiples intérêts des méthodes positives ! Mais dans ce cas, comment se fait-il qu’elles ne soient pas encore évidentes pour tout le monde ?
- Tout le monde n’a pas lu ce dossier
J’ai bien mérité de me vanter un peu, non ? 😉 Plus sérieusement, je pense que la méconnaissance est le premier frein à la généralisation de l’éducation positive. Il existe encore un nombre non négligeable de personnes qui n’a jamais entendu parler sérieusement de méthodes d’éducation moderne et qui pensent encore aujourd’hui faire les choses au mieux. Comment leur en vouloir ? C’est la raison pour laquelle la pédagogie doit être le premier réflexe face à un utilisateur de méthodes coercitives.
Malheureusement, il y a aussi ceux qui connaissent l’existence de méthodes positives mais qui ont été mal conseillés. Pire encore, il y a ceux qui ont essayé, sans résultat. Comme nous l’avons dit, ces méthodes ne sont pas toujours simples et, utilisées approximativement, elles peuvent être inefficaces. Il est courant de faire des erreurs en tant que propriétaire mais aussi en tant que professionnel, faute d’une formation de qualité ou par manque d’expérience.
- Le changement n’est pas évident
Les méthodes traditionnelles ont longtemps été utilisées, et de nombreuses personnes continuent de les utiliser simplement parce que c’est ce qu’elles ont toujours connu. Le changement, c’est un vrai sujet, très étudié en sociologie et en psychologie !
Dans une étude en psychologie publiée dans la revue “Psychological Science”, les chercheurs ont constaté que les croyances persistantes peuvent être maintenues pour des raisons émotionnelles, ou par l’effet de confirmation, c’est-à-dire la tendance à rechercher et à interpréter les informations de manière à confirmer ses croyances existantes14.
Changer, c’est accepter de sortir de sa zone de confort. L’éducation du chien n’est pas une passion pour tout le monde, certains veulent juste avoir de la compagnie, sans se prendre la tête, ce qui se conçoit parfaitement. Mais qu’en est-il lorsque l’animal montre des signes de mal-être et adopte des attitudes particulièrement déroutantes ? Pour franchir ce frein à l’utilisation des nouvelles méthodes d’éducation, il n’y a pas de secret : la pédagogie et l’accompagnement sont essentiels pour permettre à chacun d’évoluer dans un état d’esprit positif.
- La violence peut parfois sembler… libératrice
Nous avons tous déjà vécu un excès de colère, ces émotions intenses qui dominent notre corps et notre esprit l’espace d’un instant, et qui se libèrent au prix de gestes ou de mots violents. Lorsque nous sommes en colère, notre corps libère des hormones de stress, ce qui peut entraîner une accélération du rythme cardiaque, une augmentation de la respiration et une montée d’énergie. Cette réaction physiologique peut donner une impression de puissance et de force, ce qui peut être satisfaisant15. Mais cette sensation est souvent de courte durée et peut rapidement être remplacée par des sentiments de honte, de culpabilité et de regret.
Ainsi, être brutal envers notre chien lorsque celui-ci adopte un comportement qui nous met en colère, c’est la réaction la plus intuitive car elle nous permet de nous sentir mieux dans l’immédiat. Malgré tout, ce n’est ni une façon saine ni une façon productive de gérer ses émotions ou de résoudre les conflits. C’est à nous d’apprendre à gérer nos émotions autrement, grâce aux techniques de respiration par exemple.
Nous arrivons à la fin de ce dossier. Si vous avez tout lu, bravo ! Et si vous n’avez lu que certaines parties, bravo aussi ! C’est en lisant, débattant et discutant que les mentalités évoluent. Jusque là, vous n’étiez que lecteur, mais rien ne nous oblige à nous arrêter là. Je vous invite donc à laisser un commentaire, à partager cet article et à donner votre propre avis sur les réseaux sociaux en taguant @leveilcyno ! Tous les avis sont permis, tant qu’ils restent cordiaux, un débat n’est ni un abattoir ni un défouloir !
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter la bibliographie, qui m’a permis de nourrir cet article de la façon la plus exacte et précise possible. Certaines de ces lectures sont très enrichissantes, faites vous plaisir !
L’Éveil Cyno
Bibliographie :
1CNRTL, Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales
2Pour avoir un échantillon de la boîte à outil de l’éducation positive :
“Récapitulatif sur les concept intéressants en éducation canine”, Céline Ouzilou, 2016, hund.fr
3Etudes comparatives de l’effet de différentes méthodes d’éducation :
“Training methods and owner-dog interactions: Links with dog behaviour and learning ability.”, Rooney N.J. & Cowan S., 2011, Applied Animal Behaviour Science
“Dog training methods: Their use, effectiveness and interaction with behaviour and welfare.”, Hiby E.F., Rooney N.J. & Bradshaw J.W., 2004, Animal welfare
“The relationship between training methods and the occurrence of behavior problems, as reported by owners, in a population of domestic dogs.”, Blackwell, E. J., Twells, C. A., Seawright, A., & Casey, R. A., 2008, Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research
Compilation de résultats d’études scientifiques sur l’impact des méthodes d’éducation sur le chien :
“Quelle est la meilleure méthode pour éduquer son chien selon la science ?”, Alice Mignot, 2021, Dans la tête des chiens Podcast
4Etude sur les effets secondaires des méthodes d’éducation coercitives :
“The effects of using aversive training methods in dogs – A review.”, Ziv G., 2017, Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research
“The relationship between training methods and the occurrence of behavior problems, as reported by owners, in a population of domestic dogs.”, Blackwell, E. J., Twells, C. J., Seawright, A., & Casey, R. A., 2008, Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research
5Dossier complet sur la théorie de la dominance :
“Chien dominant et hiérarchie, l’article complet à partager”, Ness, 2021, Cynotopia
6Livre sur l’histoire de la relation homme-chien :
Dog’s Best Friend, Annals of the Dog-Human Relationship, Mark Derr, 2004
7Pour en savoir plus sur le conditionnement opérant, sa découverte, son fonctionnement :
“What Is Operant Conditioning And How Does It Work?”, Saul Mcleod, mis à jour en 2023, simplypsychology.org
8Résumé de la première publication de Karen Pryor sur l’entraînement des dauphins :
“Training for Variable and Innovative Behavior”, Karen Pryor, 2014, International Journal of Comparative Psychology.
9Utilisation du conditionnement opérant dans les zoos :
Operant Conditioning at the Zoo, Karen Pryor, 2003, clickertraining.fr
10Pour en savoir plus sur Ian Dunbar
11Pour en savoir plus sur Catherine Collignon
12Importance de l’appuie des méthodes d’éducation sur la science :
“Why Science Matters”, Science Matters Academy of Animal Behavior
“How Science is Revolutionizing the World of Dog Training”, Winston Ross, 2020, Time
13Etude sur l’impact du niveau de contrôle d’un évènement sur le stress qu’il procure :
“Learned helplessness: Theory and evidence.”, Maier, S. F., & Seligman, M. E., 1976, Journal of Experimental Psychology: General
14Etude sur les raisons de la persistance des fausses croyances :
“Misinformation and Its Correction: Continued Influence and Successful Debiasing”, Stephan Lewandowsky, Ullrich K. H. Ecker, 2012, Association for Psychological Science
15Etude parlant des effets de la colère sur les réactions physiologiques :
“Anxiety sensitivity and retaliatory aggressive behavior in research volunteers”, Joshua J. Broman-Fulks, Michael S. McCloskey, Mitchell E. Berman, 2006, Wiley Online Library, Aggressive Behavior